Le juge chargé du dossier Chrysler a donné son feu vert au plan de restructuration du constructeur automobile américain, mais des créanciers ont aussitôt fait appel de sa décision, replongeant le groupe dans l'incertitude et retardant sa sortie du règlement judiciaire.

Après trois journées d'audiences, dont 12 heures consacrées vendredi à l'exposé des plaidoiries de toutes les parties prenantes, le juge new-yorkais Arthur Gonzalez a entériné dans la nuit de dimanche à lundi le plan élaboré par Chrysler pour solder ses dettes et repartir de l'avant.

Ce plan, vigoureusement soutenu par les autorités fédérales, prévoit l'émergence d'un «nouveau» Chrysler, aux mains d'un consortium détenu à terme à 35% par le groupe italien Fiat, à 55% par un fonds géré par le syndicat automobile UAW et à 10% par les gouvernements américain et canadien.

Les créanciers recevront quant à eux 2 milliards de dollars en numéraire, correspondant à une réduction des deux tiers de la dette du groupe.

«L'accord avec Fiat est la seule option actuellement viable (...), les termes de l'accord avec Fiat représentent une occasion que le marché à lui seul est incapable d'offrir», a argumenté le magistrat, mettant en avant les possibles synergies entre les deux constructeurs automobiles.

Le juge a balayé dans son avis de 47 pages les nombreuses objections avancées la semaine dernière par les opposants au plan, qui avaient bataillé à la barre pour faire entendre leur point de vue.

Parmi eux, figuraient les équipementiers du groupe -auxquels le groupe doit 5 milliards de dollars-, et les détenteurs d'obligations Chrysler, mais aussi les 789 concessionnaires condamnés à disparaître.

«La seule autre solution est la liquidation immédiate (du groupe)», leur a répliqué le juge Gonzalez, estimant que ce serait une solution bien plus onéreuse pour les créanciers, qui risqueraient alors de tout perdre.

Qualifiant le déroulement de la procédure judiciaire de «rapide et efficace», le président Barack Obama a salué lundi l'avis rendu, qui offre selon lui «une seconde chance» au constructeur. De même, le PDG de Chrysler, Robert Nardelli, s'est empressé d'applaudir les conclusions du magistrat.

«Fort de cet accord, le nouveau Groupe Chrysler est crée (...). Alors que cela s'est avéré être un chapitre particulièrement difficile de l'histoire (du groupe), la nouvelle société et ses clients, employés et fournisseurs peuvent démarrer une nouvelle page», s'est-il réjoui dans un communiqué.

La page, cependant, n'est peut-être pas encore tout à fait tournée: loin de partager les arguments du juge, certains créanciers ont aussitôt fait appel de sa décision d'autoriser la vente des actifs sains du groupe.

Des avocats représentant des fonds de l'Indiana ont été les premiers à déposer lundi un recours et d'autres pourraient suivre, les parties prenantes disposant désormais de 10 jours pour faire appel.

Le Trésorier (républicain) de l'Indiana, Richard Mourdock, qui administre trois fonds investis en titres de dette Chrysler, avait déjà tenté en vain la semaine dernière de retarder le prononcé du jugement.

Reste qu'«il y a une énorme pression du gouvernement américain pour que Chrysler sorte rapidement du régime des faillites», relativise une source proche du dossier, en ajoutant qu'un succès de la procédure était d'autant plus vital chez Chrysler qu'elle doit servir de modèle pour celle de GM.