L’économie canadienne continue de créer des emplois, mais à un rythme anémique. Résultat, le taux de chômage a augmenté de 6,1 % à 6,2 % d’avril à mai.

Après une augmentation de 90 000 en avril, il s’est ajouté 27 000 emplois en mai, rapporte Statistique Canada. Au Québec, l’emploi a peu varié et le taux de chômage est resté inchangé, à 5,1 %. Le taux de chômage dans la région métropolitaine de Montréal a augmenté de 5,8 % à 6 % d’avril à mai.

Le taux de chômage au Québec a atteint le creux historique de 3,9 % en novembre 2022. Depuis, l’emploi a évolué en dents de scie, mais la tendance à la hausse s’est poursuivie. « La détérioration du marché du travail réagit avec un certain décalage par rapport au contexte économique général », souligne l’économiste de Desjardins Hélène Bégin. Le taux de chômage au Québec devrait continuer d’augmenter au cours des prochains mois pour atteindre 6 % à la fin de l’année, selon elle.

Les chiffres de l’emploi du mois de mai correspondent à ce que prévoyaient les économistes, qui soulignent que la faiblesse de l’économie canadienne ne permet pas de créer des emplois au même rythme que l’augmentation de la population.

La population en âge de travailler est en hausse de 98 000 alors qu’il y a 27 000 emplois de plus en mai.

Selon Statistique Canada, l’emploi à temps partiel a augmenté en mai, mais l’emploi à temps plein a reculé. Depuis un an, il y a plus d’emplois à temps partiel (+3,8 %) qu’à temps plein (+1,6 %). Les secteurs des soins de santé, de la finance, de l’assurance, de l’hébergement et de la restauration ont fait des gains.

Le nombre de personnes qui travaillent à temps partiel, mais qui voudraient un emploi à temps plein, est en hausse depuis un an, selon l’enquête.

L’augmentation du travail à temps partiel involontaire signifie que le marché du travail est plus fragile que ce qu’indique le taux de chômage, selon les économistes Matthieu Arseneau et Alexandra Ducharme, de la Banque Nationale.

« Avec environ 50 % des PME qui se disent inquiètes pour leurs ventes, nous doutons d’une reprise importante des embauches dans les mois à venir », écrivent-ils dans leur analyse des dernières données sur l’emploi. Le taux de chômage au Canada grimpera à 7 % d’ici la fin de l’année, prévoit la Banque Nationale.

Progression des salaires

Le salaire horaire moyen continue de progresser à bon rythme. Il a augmenté de 5,1 % en mai par rapport à un an plus tôt. Les pressions salariales restent donc fortes, ce qui est matière à réflexion pour la Banque du Canada qui a entamé cette semaine une réduction de son taux directeur.

Si les hausses de salaire ne se tempèrent pas et alimentent l’inflation, la réduction des taux d’intérêt pourrait être plus lente, selon certains économistes.

L’économiste Marc Desormeaux, de Desjardins, estime au contraire que la hausse du taux de chômage en mai augmente la probabilité d’une seconde baisse du taux directeur de la Banque du Canada en juillet. « Même si les pressions salariales demeurent un risque à surveiller, le marché du travail continue de se relâcher et l’inflation s’apaise », a-t-il commenté, ce qui devrait satisfaire la banque centrale et l’encourager à poursuivre la baisse des taux.

C’est au Manitoba que le taux de chômage est le plus bas au pays, à 4,9 %. Signe que le marché de l’emploi s’est considérablement refroidi, le taux de chômage est en hausse dans tous les groupes d’âge au Canada. Les jeunes de 15 à 24 ans sont les plus touchés, avec un taux de chômage à plus de 12 % au Canada et de 9,1 % au Québec.