Le marché de l’emploi se resserre depuis un an et ce sont surtout les jeunes qui en sont victimes. Le taux de chômage des 15 à 24 ans a atteint 12,8 % en avril, a fait savoir Statistique Canada, son plus haut niveau depuis juillet 2016.

À 12,8 %, le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans est plus que le double du taux de chômage moyen au Canada, qui était de 6,1 % en avril, inchangé par rapport à mars.

La situation est semblable au Québec, où les jeunes Québécois qui veulent travailler cet été auront plus de mal à trouver un emploi. Le taux de chômage au Québec a augmenté de 0,1 % en avril, à 5,1 %. Chez les jeunes de 15 à 24 ans, le taux grimpe à 9,5 %.

Le ralentissement de l’économie a un impact sur l’ensemble du marché du travail, mais les jeunes sont souvent les plus touchés.

Emna Braham, économiste et directrice principale de l’Institut du Québec

C’est particulièrement difficile cette année pour cette catégorie d’âge, selon elle. Les emplois qui ne demandent pas de compétences particulières que recherchent les jeunes se retrouvent dans les secteurs qui souffrent le plus de la conjoncture économique.

C’est le cas dans le commerce de détail, et l’hébergement et la restauration. Plusieurs entreprises de ces secteurs ont disparu et d’autres ont réduit leurs effectifs. « C’est là où le nombre de postes vacants a le plus baissé depuis un an », précise-t-elle.

Dans le secteur de l’hébergement et la restauration, par exemple, il y avait quelque 10 000 postes vacants de moins à la fin de 2023 que l’année précédente.

Plus de concurrence

Il y a moins d’emplois disponibles, mais aussi plus de candidats qui les convoitent. Les emplois qui exigent peu de compétences comme ceux que les jeunes occupent généralement sont aussi recherchés par les nouveaux arrivants, qu’ils soient étudiants ou résidents temporaires.

Et ces nouveaux arrivants sont plus nombreux que jamais. Au Québec, la population en général a fait un bond historique de 2,1 % en 2023, mais dans le groupe des 15 à 24 ans, l’augmentation est encore plus grande, soit de 3,9 %, selon les chiffres officiels.

« Les jeunes arrivent dans un marché du travail plus compétitif qu’au cours des dernières années », dit Emna Braham.

Pour ceux qui cherchent un premier emploi et non un emploi d’été, les conséquences peuvent être importantes. « Des travaux montrent que les jeunes diplômés qui entrent sur le marché du travail en période de récession subissent des pertes significatives de revenus qui peuvent perdurer plusieurs années après la fin des études », selon l’Institut du Québec.

Un bond surprise

Malgré l’ajout de 19 000 emplois en avril, le marché du travail est loin d’être vigoureux au Québec. La croissance de la population continue de surpasser la croissance de l’emploi, constate l’économiste de Desjardins Florence Jean-Jacob.

Si le taux de chômage reste relativement bas, à 5,1 % c’est que « les entreprises préfèrent apparemment diminuer les postes vacants plutôt que de procéder à des mises à pied, surtout quand la main-d’œuvre qualifiée et spécialisée constitue une ressource rare dans plusieurs secteurs », estime-t-elle.

Le nombre d’emplois a fait un bond inattendu de 90 000 en avril au Canada, alors que les économistes qui suivent le marché du travail s’attendaient à une modeste hausse de 15 000. C’est la plus forte progression de l’emploi au Canada en 15 mois.

Au Québec, il y avait 19 000 emplois de plus en avril, la première hausse de l’emploi importante au Québec depuis septembre 2023.

Les emplois qui se sont ajoutés en avril ont surtout été créés dans le secteur privé, et ce sont surtout des emplois à temps partiel, indique Statistique Canada.

L’emploi a augmenté dans le secteur des services, soit les services professionnels, l’hébergement et la restauration, et les soins de santé. Le nombre d’heures travaillées était en hausse de 0,8 % en avril. Le salaire horaire moyen continue d’augmenter, mais à un rythme moins rapide. Après une hausse de 5,1 % en mars, le salaire horaire moyen a progressé de 4,7 % en avril.

Pour la Banque du Canada, le bilan de l’emploi meilleur que prévu en avril ajoute à la complexité de sa prochaine décision, prévue le 5 juin. Plusieurs économistes, dont ceux de Desjardins, sont d’avis que la banque centrale annoncera alors une première baisse de son taux directeur.

« Les données sur l’inflation d’avril 2024, qui seront publiées dans deux semaines, seront un facteur clé dans la réalisation de cette prévision », estime Marc Desormeaux, économiste principal de Desjardins.