Chaque semaine, vous envoyez vos questions sur l’économie, les finances, les marchés, etc. Nos journalistes tentent d’y répondre avec l’aide d’experts.

Je me demandais si la réduflation devrait être incluse dans le calcul de l’inflation. Si la quantité de ma boîte de céréales baisse de 20 % et reste au même prix, c’est après tout une augmentation de prix.
— Michel Brault

L’épisode d’inflation galopante que nous avons vécu et qui tire à sa fin, espérons-le, a permis d’enrichir notre vocabulaire. La réduflation est un mot maintenant couramment utilisé qui décrit la stratégie commerciale d’un fabricant qui réduit la quantité de son produit sans réduire le prix de vente, ce qui lui permet de maintenir sa marge de profit.

Il ne faut pas compter sur les fabricants pour afficher « Nouveau format, plus petit pour le même prix ! » sur leurs emballages, d’où la question bien légitime de notre lecteur.

La réponse courte à cette question, c’est que la réduflation est prise en compte dans l’indice des prix à la consommation publié chaque mois par Statistique Canada.

Les enquêtes de prix de l’organisme fédéral tiennent compte des formats des composants de l’IPC. Ces composants peuvent changer au fil du temps pour s’adapter aux habitudes des consommateurs, et la taille des produits peut aussi être modifiée.

Statistique Canada s’assure que les produits dont le prix est suivi offrent une qualité constante et donne un exemple : « Si le café de votre restaurant préféré est maintenant servi dans une tasse plus petite, mais que vous payez le même montant, le prix a augmenté. »

De la même façon, le prix de la boîte de céréales de notre lecteur qui est resté le même alors que la quantité a diminué est une hausse de prix dont l’IPC tient compte.

Au Québec, les détaillants ont l’obligation d’indiquer le prix pour 100 grammes ou 100 millilitres, ce qui permet de comparer les prix de produits similaires et parfois de débusquer la réduflation.

Mesurer l’inflation avec précision reste compliqué. Statistique Canada le fait bien, selon Stephen Gordon, économiste et professeur à l’Université Laval, mais « c’est surtout la mesure de la qualité qui est difficile », dit-il.

Il est facile de constater que la qualité d’un forfait internet, par exemple, a augmenté si le fournisseur offre plus de données pour le même prix. Le prix de ce forfait est considéré comme avoir baissé par Statistique Canada.

Dans l’alimentation, c’est souvent moins évident. Si un fabricant de biscuits remplace le beurre par un succédané moins cher et que la quantité et le prix restent inchangés, il y a des chances que ça passe inaperçu.