Approuvée ! La recommandation de six étudiants de l’Université de Sherbrooke sur le taux directeur a été retenue par la Banque du Canada au terme d’une compétition à laquelle ont participé 26 universités canadiennes.

Jasmin Racine, un des six membres de l’équipe qui a remporté la finale du Défi du gouverneur tenue le 3 février à Ottawa, est content du résultat, mais surtout de l’expérience « en vrai », qui n’a toutefois aucun impact sur la politique monétaire.

« C’est la plus grande compétition économique au Canada et c’est beaucoup de travail », dit-il lors d’un entretien avec La Presse.

Jonathan Simoneau, Louis-Charles Loyer, Samuel Boulanger, Alexandre Desbiens, Alexandre Gendron-Benevides et Jasmin Racine, tous étudiants au baccalauréat en économie à l’Université de Sherbrooke, se sont portés volontaires pour participer à cette compétition.

PHOTO BANQUE DU CANADA

Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, avec les gagnants du Défi du gouverneur 2024. Absent sur la photo, Alexandre Gendron-Benevides.

L’équipe, épaulée par le professeur David Dupuis, a travaillé pendant cinq mois pour élaborer une décision sur les taux d’intérêt exactement comme le fait la Banque du Canada huit fois par année.

Il leur fallait évaluer le contexte économique mondial, l’état de l’économie canadienne et l’évolution de l’inflation, avant de formuler leur recommandation sur le taux directeur : faut-il l’augmenter, le réduire ou le maintenir au niveau actuel ?

Les participants ont utilisé les mêmes données et les mêmes modèles que ceux dont le conseil des gouverneurs de la Banque du Canada se sert pour élaborer la politique monétaire. L’analyse des risques liés à la décision était la leur. « L’économie est un agrégat de différents types d’informations dont plusieurs sont sujettes à interprétation, ce qui fait que plusieurs conclusions sont possibles à partir des mêmes données », explique Jasmin Racine.

Des 26 universités participantes, cinq finalistes ont été choisies en novembre dernier pour aller présenter leur recommandation à Ottawa.

« Une école incroyable »

Les étudiants ont tour à tour justifié leur recommandation devant un panel de spécialistes de la politique monétaire, qui les a soumis ensuite à une période de questions. Ça s’est passé dans la salle même où se tiennent les délibérations du conseil des gouverneurs de la banque centrale.

« C’est ça qui est magique », estime le coach de l’équipe de Sherbrooke, lui-même un ancien de la Banque du Canada.

C’est un exercice dans un environnement authentique, une école incroyable.

David Dupuis, professeur à l’Université de Sherbrooke

La banque centrale y trouve aussi son compte : une variété d’analyses qui enrichissent sa réflexion, et peut-être aussi de futurs candidats à recruter.

L’équipe gagnante a pu apprécier la complexité de la politique monétaire. Entre le moment où elle a été choisie parmi les cinq finalistes, en novembre, et la présentation de sa recommandation sur le taux directeur, en février, l’analyse a dû être réajustée à la lumière de nouvelles données, raconte Jasmin Racine. « En novembre, nous avions un biais à la hausse [du taux directeur], que nous avons réduit ensuite », explique-t-il.

En plus de sa recommandation, qui était de maintenir le taux directeur à 5 %, l’équipe de Sherbrooke et les autres équipes devaient répondre à une question surprise qui était la suivante : « La Réserve fédérale américaine annonce une baisse surprise de 50 points de base de son taux directeur. Quel est l’impact de cette décision sur l’économie canadienne et sur la politique monétaire ? » Leur réponse a de toute évidence satisfait les juges.

C’est la deuxième fois qu’une équipe de l’Université de Sherbrooke est couronnée championne du Défi du gouverneur, qui en était à sa neuvième année.

Les membres de l’équipe gagnante ont reçu leur trophée des mains du gouverneur Tiff Macklem.

L’Université de l’Alberta, gagnante de l’an dernier, l’Université Carleton, l’Université de Victoria et l’Université d’Ottawa étaient les autres finalistes.