Après avoir résisté plusieurs mois à l’assaut combiné de l’inflation et des taux d’intérêt élevés, le marché de l’emploi commence à plier les genoux, surtout au Québec.

Ce qu’il faut savoir

Le marché de l’emploi continue d’ajouter des emplois au Canada, mais à un rythme insuffisant pour absorber la croissance de la population.

Au Québec, le taux de chômage est passé de 4,9 % à 5,2 % en novembre.

C’est la région métropolitaine de Québec qui affiche le taux de chômage le plus bas au pays, soit 2,7 %. Dans la région de Montréal, le taux atteint 5,7 %.

Le taux de chômage au Québec a bondi à 5,2 % en novembre, son niveau le plus élevé depuis octobre 2021. Le nombre d’emplois a diminué de 1500, alors qu’il a augmenté de 25 000 au Canada, où le taux de chômage est passé de 5,7 % à 5,8 %.

Le marché de l’emploi au Québec décélère rapidement par rapport au reste du Canada, selon les chiffres de Statistique Canada.

« La baisse de tension est bien visible pour ce qui est des heures travaillées et des salaires », pointe Florence Jean-Jacobs, économiste principale de Desjardins.

Le nombre d’heures travaillées est en hausse d’à peine 0,3 %. La hausse du salaire horaire moyen a diminué à 3,2 % au Québec, alors qu’elle se maintient à 4,8 % au Canada.

Le nombre de postes vacants a chuté de 20,6 % au Québec depuis un an, a aussi constaté l’économiste de Desjardins dans une étude récente.

Avec un décalage, la hausse du taux de chômage reflète le ralentissement important de l’économie québécoise depuis le milieu de 2023.

Après un recul de 1,9 % du produit intérieur brut au deuxième trimestre (avril, mai et juin), l’économie a enregistré une petite hausse de 0,1 % en juillet et un nouveau recul de 0,4 % en août (derniers chiffres disponibles).

« À moins d’un rebond important en septembre, l’économie affichera vraisemblablement un deuxième recul trimestriel d’affilée », prévoit Florence Jean-Jacobs.

Deux trimestres consécutifs de contraction du PIB, c’est la définition technique d’une récession. Il faudrait une hausse du PIB de 0,6 % en septembre pour éviter ce scénario de récession, selon les économistes Matthieu Arseneau et Alexandra Ducharme, de la Banque Nationale.

Depuis son creux de 3,9 % de janvier dernier, le taux de chômage a augmenté de 1,3 point de pourcentage au Québec.

À 5,2 %, le taux de chômage du Québec reste un des moins élevés au pays, relativisent les économistes de la Banque Nationale.

« Pour le futur, nous continuons de penser que le PIB québécois pourrait afficher une résilience relative au reste du pays notamment en raison du taux d’endettement plus faible des ménages et d’une plus grande proportion de ménages à double revenu. »

Le message de la Banque du Canada

À part les pressions salariales, qui demeurent fortes hors Québec, l’évolution du marché de l’emploi en novembre conforte la possibilité du maintien du taux directeur à son niveau actuel de 5 %. La Banque du Canada doit en faire l’annonce mercredi prochain.

Le taux de chômage a augmenté au Canada en novembre pour le deuxième mois consécutif pour atteindre 5,8 %. Selon Statistique Canada, une partie de l’augmentation est due à des mises à pied, ce qui reflète des conditions plus difficiles sur le marché de l’emploi.

Depuis le début de l’année, l’économie canadienne a créé 430 000 emplois, mais la population en âge de travailler a augmenté de 870 000 pendant la même période, ce qui contribue à l’augmentation du chômage.

Le recul important du PIB au troisième trimestre est un autre élément qui milite en faveur du statu quo sur les taux d’intérêt. Le PIB a retraité de 1,1 % au troisième trimestre, une performance inférieure aux attentes des économistes et aux prévisions de la Banque du Canada, qui prévoyait une croissance de 0,8 % pour cette période.

« La décision de la Banque du Canada la semaine prochaine ne sera pas une surprise », a indiqué l’économiste Claire Fan, la Banque Royale, qui prévoit que le taux directeur sera maintenu pour la troisième fois.

Maintenant que de nouvelles hausses sont écartées, la banque centrale pourrait donner des indications sur le temps qu’il faudra avant que le taux directeur commence à baisser. Il faut s’attendre à ce que le message du gouverneur qui accompagnera la décision sur les taux soit disséqué en détail.