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L’Argentine pourrait adopter le dollar américain et éliminer sa banque centrale. Cela pourrait-il sauver son économie ? demande Marc Lamarre, de Stukely-Sud. Est-ce qu’un État peut survivre sans banque centrale ? Qui s’assurera de la politique monétaire ? Qui prêtera de l’argent aux banques ? demande de son côté Amélie Godin.

L’arrivée au pouvoir en Argentine d’un président aux idées radicales comme abandonner la monnaie locale, le peso, et fermer la banque centrale du pays suscite beaucoup de questions. Pour y répondre, nous avons demandé l’aide de l’économiste principal de Desjardins Hendrix Vachon. « L’adoption du dollar américain comme monnaie nationale est un moyen de retrouver une stabilité financière », explique-t-il. Et de stabilité, l’Argentine en a bien besoin : l’économie est exsangue, sa monnaie nationale ne vaut plus rien et le taux d’inflation dépasse les 100 %.

Les pays qui ont déjà choisi de troquer leur monnaie pour le dollar, comme l’Équateur et le Salvador, ont retrouvé une certaine stabilité financière et l’inflation s’est calmée. Mais ce n’est pas une solution miracle, souligne l’économiste. Ça ne peut pas régler tous les problèmes d’un pays et surtout, ça vient avec un prix. Le pays qui renonce à sa monnaie nationale renonce aussi à sa politique monétaire qui devient celle des États-Unis, s’il adopte la devise américaine. C’est un sacrifice majeur, parce que la politique monétaire est un outil d’intervention important pour un pays. Elle permet à un État d’intervenir dans l’économie pour stimuler la croissance ou atténuer les impacts d’une crise.

Si l’économie américaine surchauffe et que les taux d’intérêt augmentent pour calmer le jeu, l’Argentine devra vivre avec des taux d’intérêt élevés même si son économie s’affaiblit. Quand une crise éclate dans le monde, le dollar américain s’apprécie parce qu’il est considéré comme une valeur refuge. Pour un pays comme l’Argentine, l’appréciation du dollar pourrait signifier une baisse de ses exportations devenues plus coûteuses pour les acheteurs.

Un pays qui renonce à sa monnaie renonce aussi à sa banque centrale, qui ne sert plus à rien. Les principales fonctions de la banque centrale de l’Argentine, émettre des devises et contrôler les taux d’intérêt, relèveraient de la Réserve fédérale américaine.

Le pays pourrait donc vivre sans banque centrale, mais il aurait sans doute encore besoin d’une entité pour réglementer le fonctionnement des banques locales, croit l’économiste de Desjardins. « Ce rôle peut revenir au gouvernement, dit-il, qui se trouve aussi à être le prêteur de dernier recours pour les banques locales ».

Les pays qui décident d’adopter la devise d’un autre pays n’ont pas à lui demander la permission. C’est vers le dollar américain que se tournent la plupart du temps les pays en quête de stabilité financière, parce qu’il s’agit d’une devise stable et reconnue partout dans le monde. Mais un pays peut adopter la devise de son choix, dit Hendrix Vachon, qui rappelle que l’Islande a jonglé avec la possibilité d’abandonner sa couronne et d’adopter le dollar canadien après la crise financière de 2008.

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