La Réserve fédérale est en voie d’accomplir tout un exploit. Malgré l’inflation, le sévère resserrement monétaire et l’inversement de la courbe des taux, les autorités monétaires réussiront l’atterrissage en douceur de l’économie et éviteront la récession, prévoient désormais les économistes du Mouvement Desjardins.

Ainsi, la croissance du PIB restera positive tout au long de 2024. Ces prévisions, révisées en octobre, établissent maintenant la croissance réelle de l’économie américaine à 2,4 % en 2023 et à 1,5 % en 2024.

Le fameux scénario de l’atterrissage en douceur de l’économie américaine repose sur une hausse agressive des taux par la Réserve fédérale en vue de faire baisser l’inflation à 2 % tout en évitant de faire tomber l’économie en récession.

« Ça semble être ce scénario de licorne qui est en train de se réaliser, a dit l’économiste principal de Desjardins, Benoit P. Durocher, mardi midi. Il était invité à la tribune de l’Institut de développement urbain du Québec. En octobre, on a revu nos prévisions en lançant le message qu’on pourrait bien éviter la récession du côté de l’économie américaine. Ça pourrait être d’ailleurs l’une des seules économies à éviter la récession au cours des prochains trimestres. »

Le Canada moins chanceux

Malheureusement, le Canada s’en tire moins bien. Le Mouvement Desjardins prévoit que le pays et le Québec tomberont en récession quelque part entre la fin de 2023 et le début de 2024. Mais ici, encore rien de très douloureux.

« On voit la tendance qui ralentit trimestre après trimestre au fur et à mesure que les effets restrictifs des hausses de taux se font sentir, explique M. Durocher. On prévoit à la fin 2023, au début 2024, autant au Québec et au Canada, nos fameux deux trimestres consécutifs de baisse du PIB réel, la définition d’une récession technique. »

J’insiste, c’est vraiment petit comme chute. On parle d’une récession très légère et très courte dans le temps.

Benoit P. Durocher, directeur et économiste principal chez Desjardins

Desjardins anticipe une croissance du PIB canadien de 1,1 % pour 2023 et de 0,1 % en 2024. Au Québec, il anticipe une croissance de 0,3 % en 2023 et 0 % en 2024. M. Durocher voit l’inflation revenir à 2 % d’ici la fin de 2024.

« La bonne nouvelle, c’est que la Banque du Canada pourrait commencer à diminuer graduellement ses taux d’intérêt. Dans nos projections, on prévoit des baisses graduelles à compter du printemps 2024. » M. Durocher s’attend à ce que les taux directeurs convergent vers une fourchette allant de 2 à 3 %.