Ceux qui espèrent une baisse prochaine des taux d’intérêt seront déçus, parce que la Banque du Canada envisage seulement deux possibilités : le maintien ou la hausse du directeur.

C’est ce que révèle le compte rendu des discussions des dirigeants de la banque centrale qui ont mené au maintien du taux directeur à 5 % le 6 septembre dernier.

En décidant de faire une pause dans la remontée des taux d’intérêt, les autorités monétaires s’inquiétaient que cette décision « soit interprétée à tort comme un signe que le resserrement monétaire était terminé et que des baisses de taux d’intérêt suivraient à court terme ».

Certains économistes ont en effet interprété cette pause comme la fin des hausses et exprimé l’opinion que le prochain geste de la Banque du Canada serait une baisse des taux, qui pourrait survenir au début de 2024.

Ce n’est pas du tout dans les cartes, indique le relevé des discussions du conseil de direction de la banque publié mercredi.

Au contraire, les autorités monétaires sont « déterminées à ne pas susciter d’attentes en ce sens, puisque le maintien ou la hausse du taux directeur étaient les seules possibilités envisagées ».

En fait, la direction de la Banque du Canada trouve que l’absence de progrès du côté de l’inflation fondamentale est « très préoccupante ». Ça veut peut-être dire que la politique monétaire n’est pas assez restrictive, estime-t-elle, ou, autrement dit, que d’autres hausses de taux sont nécessaires pour ramener la cible d’inflation à 2 %.

Depuis qu’elle a décidé de maintenir son taux directeur à 5 %, la Banque du Canada a reçu le portrait de l’inflation du mois d’août, qui est encore plus préoccupant. Le taux global d’inflation a augmenté plus que prévu, de 3,3 % en juillet à 4 %. Surtout, les mesures de l’inflation fondamentale, expurgées des éléments les plus volatils comme l’essence, continuent d’augmenter, ce qui inquiète beaucoup les autorités monétaires.

Des signes encourageants sont quand même apparus du côté du marché du travail, qui est moins tendu, et des prix de l’alimentation, dont la croissance ralentit, observe la Banque.

Un recul temporaire ?

L’économie canadienne s’est contractée de 0,2 % au deuxième trimestre, alors que la Banque du Canada avait plutôt prévu une croissance de 1,5 %. Ce recul est interprété par les dirigeants de la banque centrale comme un effet des hausses successives des taux d’intérêt. Mais il peut aussi s’expliquer par d’autres facteurs, comme les incendies de forêt et les grèves dans le secteur public, qui ont contribué à réduire la croissance.

Les incendies qui ont ravagé le pays d’un océan à l’autre ont touché le secteur pétrolier, minier et gazier, et réduit la croissance économique de 0,5 %, estime la banque centrale. De même, les grèves dans le secteur public auraient amputé la croissance de 0,25 %.

D’ici sa prochaine décision, le 25 octobre, le conseil de direction de la Banque du Canada suivra particulièrement la croissance des salaires, encore incompatible avec le retour de l’inflation à la cible de 2 %, et la performance meilleure que prévu de l’économie américaine, qui pourrait avoir pour effet de stimuler l’économie canadienne.

À la fin de ces discussions entamées le 31 août, auxquelles ont participé le gouverneur Tiff Macklem et les sous-gouverneurs Carolyn Rogers, Toni Gravelle, Sharon Kozicki, Nicolas Vincent et Rhys Mendes, il a été décidé le 6 septembre de maintenir le taux directeur à 5 %, tout en soulignant clairement l’absence de progrès sur le front de l’inflation et en insistant sur la probabilité d’autres hausses à venir si nécessaire.