Les touristes ont recommencé à affluer sur les plages de Cuba, après trois années de disette qui ont plongé le pays dans la pire crise économique des 30 dernières années.

Ceux qui y sont allés, dont beaucoup de Québécois, ont pu constater la triste réalité : la situation économique est pire qu’elle ne l’était quand l’Union soviétique a éclaté et que les Russes ont abandonné le pays.

La population manque de tout, de nourriture, de médicaments et d’électricité. Les touristes qui se plaignent d’avoir manqué de quelque chose dans leur hôtel tout inclus n’ont pas idée des privations que doivent endurer les Cubains. Ces derniers fuient par tous les moyens possibles, et ceux qui restent en sont réduits à descendre dans la rue pour réclamer une vie meilleure, ce qui a conduit le régime à resserrer la répression.

Après les Russes, d’autres alliés traditionnels de Cuba, comme le Venezuela et le Brésil, l’ont laissé tomber après des changements de gouvernement.

Le peuple cubain se trouve aujourd’hui bien seul, mais dans les faits, il est tout seul depuis 60 ans, quand le gouvernement de John Kennedy a décrété un embargo économique total destiné à affamer l’île pour favoriser le renversement du gouvernement et éloigner la menace communiste.

Cet embargo est aujourd’hui le plus long jamais imposé à un pays par les États-Unis. Et même si la menace communiste s’est affaiblie avec le temps, l’embargo, lui, s’est renforcé.

L’espoir de normalisation des relations des États-Unis avec l’île de 11 millions d’habitants suscité par Barack Obama n’a pas duré longtemps. La poignée de main échangée par Barack Obama et le président cubain Raúl Castro en 2013 lors d’une cérémonie en l’honneur de Nelson Mandela a été qualifiée d’historique, mais elle ne l’a finalement pas été.

Le président américain s’est bien rendu à Cuba par la suite et les Rolling Stones ont donné un concert gratuit à La Havane pour marquer l’évènement, mais cette porte grande ouverte s’est refermée rapidement, et à double tour.

PHOTO STEPHEN CROWLEY, LA PRESSE

La limousine du président américain de l’époque, Barack Obama, lors de sa visite à La Havane, en 2016

Le gouvernement de Donald Trump s’est empressé de durcir les conditions de l’embargo, pour gagner des votes en Floride où se trouve le plus grand bassin d’expatriés qui militent contre le régime cubain.

Avec le retour au pouvoir d’un gouvernement dirigé par les démocrates, on s’attendait à une détente dans les relations entre les deux pays. Ce n’est pas arrivé. Le président Joe Biden a retiré certaines des nouvelles restrictions imposées par son prédécesseur, dont le plafond de 1000 $ US par trimestre que les Cubains qui vivent aux États-Unis peuvent envoyer à leur famille. Mais il s’est arrêté là et n’a pas levé l’interdiction pour les Américains de voyager à Cuba.

Cet acharnement est difficile à comprendre. Année après année, le gouvernement américain reste sourd aux appels de l’assemblée générale de l’ONU à lever un embargo qui n’a plus sa raison d’être.

Force est de constater que le blocus américain a échoué. Il a échoué à renverser le régime, mais il a réussi à affamer la population.

La semaine dernière, un groupe de travailleurs cubains indépendants du gouvernement a écrit à Joe Biden pour lui rappeler ses engagements à aider le secteur privé du pays à prendre son envol.

« Il est incompréhensible et inhumain qu’au milieu d’une crise économique comme celle que traverse actuellement Cuba, l’administration Biden poursuive les politiques cruelles de son prédécesseur Donald Trump », écrit le groupe de 300 petits entrepreneurs dans une lettre au président américain, rapporte l’Agence France-Presse.

Les entreprises privées sont maintenant autorisées à Cuba, mais ce n’est pas en leur coupant l’accès à tous les marchés qu’elles peuvent se développer et améliorer le sort de la population.

Il est grand temps de mettre fin à cette tragédie qui s’éternise à une centaine de kilomètres de Miami.