(Montréal) Le secteur canadien des voyages et du tourisme est sur le point de connaître un important rebond postpandémique, révèle un nouveau rapport du Conseil mondial du voyage et du tourisme (CMVT).

L’industrie devrait apporter 162,6 milliards à l’économie canadienne en 2023, ce qui représente une hausse de plus de 17 % par rapport à l’année dernière, a estimé le CMVT dans sa recherche. Les prévisions s’approchent ainsi du précédent pic de 173,9 milliards, enregistré en 2019.

Si les prévisions se concrétisent, l’activité générerait quelque 90 000 emplois supplémentaires pour atteindre 1,64 million cette année, récupérant presque tous les postes de voyage et de tourisme supprimés pendant la pandémie de COVID-19.

L’année dernière, les dépenses des voyageurs d’outre-mer à destination du Canada ont augmenté de 64 % pour atteindre 23 milliards, selon le rapport. La présidente du CMVT, Julia Simpson, a estimé que la tendance devrait se poursuivre, rapprochant le total prévu cette année de la barre des 43 milliards, atteinte en 2019.

« Le secteur est un moteur essentiel de la croissance économique et de la création d’emplois au Canada, des villes comme Vancouver, Toronto et Montréal restant des destinations mondiales incontournables pour les visiteurs internationaux », a expliqué Mme Simpson, dont l’organisation représente plus de 200 entreprises, incluant des lignes aériennes, des entreprises de croisières et des hôtels.

Les entreprises canadiennes de transport et d’hospitalité ont été parmi les plus touchées par la pandémie, qui a forcé la fermeture des frontières et restreint les voyages et les repas au restaurant.

La reprise postpandémique est loin d’être complète, car l’inflation et les pénuries de main-d’œuvre rongent les marges bénéficiaires et la croissance.

Les dépôts de bilan des restaurants, traiteurs et autres services alimentaires ont augmenté de 116 % depuis 2022, selon Restaurants Canada.

« Pour la majorité des entreprises du secteur des services alimentaires au Canada, la pandémie a engendré des difficultés financières considérables dont elles peinent encore à se remettre », a souligné le groupe industriel dans un communiqué plus tôt en mai.

Beth Potter, qui dirige l’Association de l’industrie touristique du Canada, a indiqué qu’elle s’attendait à ce que les dépenses touristiques intérieures correspondent aux niveaux d’avant la pandémie cette année, mais le nombre de visiteurs étrangers pourrait ne pas atteindre ce sommet avant 2025. Le tourisme d’affaires ne se rétablira probablement pas complètement avant 2026, calcule-t-elle.

« Il y a énormément de changements dans la façon dont nous faisons des affaires — certainement beaucoup plus d’utilisation de la technologie (virtuelle). Mais aussi, lorsque vous réservez ces grandes conférences et salons professionnels, ces évènements sont réservés pour plusieurs années », a expliqué Mme Potter lors d’un entretien téléphonique. Les réservations d’évènements touristiques liés aux affaires pour cette année sont à 47 % de leurs niveaux d’avant la pandémie, a-t-elle précisé.

Le plus grand défi auquel sont confrontés les opérateurs touristiques est la main-d’œuvre, avec quelque 300 000 emplois susceptibles de ne pas être pourvus cette année, a noté Mme Potter, ajoutant que la hausse des taux d’intérêt restait également un pépin majeur.

« La plupart de ces entreprises se sont endettées pendant la pandémie avec des choses comme le prêt CUEC », a expliqué Mme Potter, faisant référence au Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes du gouvernement fédéral. Ces prêts allant jusqu’à 60 000 $ étaient sans intérêt, mais porteront un taux d’intérêt de 5 % à compter du 1er janvier 2024.

En 2019, les dépenses touristiques globales – pour tout, des lignes aériennes et des hôtels aux bars et festivals – ont atteint environ 105 milliards, a calculé Mme Potter.

Stimulée par les restrictions de voyage pandémiques, la reconnaissance croissante des destinations proposées à travers le Canada marque un élément d’espoir pour de nombreux opérateurs.

« Le tourisme est important pour chaque communauté de notre pays. Ce n’est pas quelque chose qui est uniquement centré sur des destinations emblématiques ou de grandes villes », a précisé Mme Potter.

Le CMVT a prédit que le secteur emploierait 2,1 millions de personnes et porterait sa contribution au produit intérieur brut à plus de 238 milliards d’ici 2033, soit une tranche de 7 % de l’économie canadienne.

Le rapport a été réalisé en partenariat avec le cabinet de conseil Oxford Economics.