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Puisque la Banque du Canada semble n’avoir qu’un seul outil pour combattre l’inflation, soit les taux d’intérêt par son taux directeur, je m’inquiète pour l’avenir si les changements climatiques venaient à provoquer des hausses du prix des aliments (sécheresse, inondations, gels, feux) et de l’énergie. En quoi augmenter les taux d’intérêt aiderait réellement ? J’ai l’impression que cela ne ferait que rendre la vie plus difficile sans affecter le prix des aliments et de l’énergie. Est-ce que d’autres moyens ont déjà été utilisés dans d’autres pays pour combattre l’inflation ?

Gilles Vinet, Blainville

Vous avez raison de vous inquiéter de l’impact des changements climatiques, mais la réponse à votre question est non. Partout dans le monde, les banques centrales tentent de combattre l’inflation en augmentant les taux d’intérêt. Les moyens d’intervention des banques centrales sont limités. Les pouvoirs de la Banque du Canada, comme d’ailleurs ceux de toutes les banques centrales dans le monde, se résument au maintien de la valeur du dollar, ce qui passe par un taux d’inflation stable et prévisible. Leur principal outil est le taux directeur.

Les taux d’intérêt influencent le coût du crédit et donc la demande de biens et de services de la part des consommateurs.

Quand les prix augmentent, comme c’est le cas actuellement, une augmentation du taux directeur agit comme un frein sur la demande et permet de rétablir l’équilibre entre l’offre et la demande, ce qui éventuellement a un effet modérateur sur les prix.

Le principal outil de politique monétaire n’a que peu d’effet sur les prix des aliments, confirme Benoit Durocher, économiste et stratège en chef d’Addenda Capital.

Le prix des aliments dépend beaucoup des conditions météorologiques et des évènements climatiques comme les sécheresses et les inondations. Les maladies qui s’attaquent aux cultures ou aux troupeaux peuvent aussi faire flamber les prix des aliments, et la politique monétaire ne pourra rien y faire. L’alimentation est aussi un besoin essentiel, qui doit être comblé même quand les prix s’emballent et qui ne réagit pas aussi directement aux hausses de taux d’intérêt comme les autres biens et services, explique-t-il.

L’alimentation représente 15 % du panier de l’Indice des prix à la consommation. C’est ce qui explique que même si le prix des aliments est en forte hausse actuellement, l’augmentation des prix des autres composantes de l’IPC ralentit. La hausse des taux d’intérêt réussit à calmer l’inflation globale, mais le prix des aliments augmente plus vite que l’IPC.

La Banque du Canada, comme les autres banques centrales, s’intéresse beaucoup aux changements climatiques pour les répercussions qu’ils auront sur les activités économiques et le secteur financier.

Le réchauffement de la planète pourrait faire diminuer la production agricole et nuire à la productivité. Des recherches sont en cours pour en évaluer l’impact.

Du point de vue des banques centrales, la lutte contre les changements climatiques comporte aussi des risques pour l’économie. Si la transition énergétique et la décarbonation se produisent trop vite, l’économie subira un choc, ce qui menacerait la stabilité du système financier. Il y a des risques à évaluer des deux côtés.

Si les changements climatiques provoquent des hausses du prix des aliments, la politique monétaire n’y pourra pas grand-chose. C’est plutôt du côté de la lutte contre les changements climatiques qu’il y a du travail à faire, ce qui relève de la politique plutôt que de la politique monétaire.

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