Les chaînes d’alimentation suscitent moins de méfiance chez les consommateurs lorsqu’on leur demande pourquoi leur facture d’épicerie est plus salée, suggère un rapport qui sera publié ce mardi par le Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie. Le Québec se démarque à ce chapitre, selon le coup de sonde. Les épiciers ont cependant encore du pain sur la planche pour redorer leur image. Tour d’horizon des principales conclusions.

30,3 %

Environ trois répondants sur dix font porter le blâme aux épiciers pour l’augmentation du prix des aliments. Le directeur du laboratoire, Sylvain Charlebois, est « agréablement surpris » du résultat, puisqu’une proportion similaire de personnes sondées (29,9 %) estiment que ce sont les politiques monétaires qu’il faut blâmer. « Cela veut donc dire que les Canadiens semblent conscients que c’est une problématique planétaire, dit M. Charlebois. On semble avoir pris le temps de mieux comprendre ce que cela signifie. Je ne m’attendais pas à ce que les résultats soient aussi serrés. »

21,8 %

C’est au Québec que l’on retrouve la plus faible proportion de consommateurs qui croient que « l’abus des chaînes » d’alimentation « est la principale raison » des poussées inflationnistes. Difficile de dire ce qui explique ce résultat, affirme M. Charlebois. Selon lui, la sensibilité des consommateurs québécois à l’endroit des prix n’est pas aussi importante qu’en Ontario, par exemple. De plus, la province n’a pas vu de parti politique s’emparer du thème de l’inflation alimentaire pour en faire son fer de lance. « Le Québec a bénéficié de ne pas être trop exposé à la campagne du Nouveau Parti démocratique (NPD) à Ottawa, affirme M. Charlebois. Le message a moins eu moins d’écho au Québec. »

32,9 %

Le sondage dresse un bilan peu reluisant du passage des grands patrons des principales chaînes d’alimentation du pays (Metro, Loblaw et Empire/IGA) en comité parlementaire, à Ottawa, le mois dernier. Moins d’un tiers des répondants disent avoir été convaincus et la majorité est « sceptique ». Devant les parlementaires, ces dirigeants avaient essentiellement répété le même discours : la hausse du prix des aliments est attribuable à une panoplie de facteurs sur lesquels ils ont peu de contrôle. « Le format de l’exercice a compliqué la tâche aux témoins, affirme le directeur du Laboratoire. En un peu plus d’une heure, c’est difficile de changer quoi que ce soit. On avait politisé l’inflation alimentaire. Ce n’était pas facile de se justifier. »

68,1 %

L’entrée d’un code de conduite – qui encadrerait les pratiques commerciales entre des entreprises privées – pourrait rehausser la cote des épiciers, suggère l’enquête. Quelque 70 % des personnes interrogées se disent en faveur de la mise sur pied d’un chien de garde de l’industrie alimentaire. « Je pense que c’est un point de réconciliation, estime M. Charlebois. On perçoit le code comme un outil intéressant. Je ne suis pas certain que tout le monde est encore convaincu, mais c’est une étape. Je ne m’attendais pas à autant d’appuis. » Au Québec, ce sont 67 % des répondants qui se sont prononcés en faveur du code de conduite dans l’industrie alimentaire.

En savoir plus
  • 10,6 %
    Il s’agit de la hausse du prix des aliments achetés à l’épicerie en février.
    SOURCE : statistique Canada
  • 9884
    Nombre de personnes ayant répondu au sondage mené par l’Université Dalhousie à la fin du mois de mars
    SOURCE : Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie