Le gouvernement provincial annonce des baisses d’impôts pour une partie de la population : 1 % du taux pour le premier palier d’imposition (0 à 49 275 $) et 1 % aussi pour le deuxième palier (49 275 $ à 98 540 $). La mesure ne fait pas l’unanimité auprès de jeunes contribuables interrogés par La Presse.

Une mesure électoraliste

« Je suis moyennement d’accord avec ça. J’aime mieux l’investissement sporadique, comme les chèques. Je trouvais que c’était plus clair. Ça allait servir et on le voyait plus concrètement. […] De recevoir 370 $ par année, que tu vois à peine répartis sur 12 mois, c’est moins concret dans la tête des gens. Je trouve très électoraliste de dire qu’on va baisser les impôts – on ne savait pas combien ç’allait être. Malheureusement, je trouve ça vague et vendeur. Peut-être pas pour une génération comme la mienne, sachant très bien qu’on n’est pas dans le peak de notre carrière, avec des salaires de 50 000 $, même moins, 46 000-48 000 $. Les gens qui vont vraiment faire des économies, qui vont mettre de l’argent de côté ont de plus hauts salaires. »

Christophe Lavigne, coordonnateur de programmes à la Piscine, accélérateur d’entreprises culturelles et créatives, Montréal

Peu d’impact sur le pouvoir d’achat

« Pour moi, ça ne fera pas une grande différence au niveau du budget. Je ne dis pas que c’est un coup d’épée dans l’eau, mais il y a d’autres besoins ailleurs. J’imagine que ça peut faire une différence pour les gens qui en ont plus besoin, même si pour eux, l’impact de cette baisse d’impôts va être plus petit. Pour moi, ça revient à 400 $ ou 425 $ par année. Si on étale ça à la semaine, je ne vois pas une grande différence au quotidien et sur mon pouvoir d’achat. »

Catherine Houde-Laliberté, employée d’un centre de services scolaire, service aux entreprises, Drummondville

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Julien Groulx

Des baisses qui annoncent des coupes ?

« Intrinsèquement, je crois qu’une baisse d’impôts va mener à des coupes. Et si le gouvernement coupe dans quelque chose, c’est probablement dans quelque chose qui serait bénéfique à la population. J’imagine dans des services publics, comme l’éducation, et je suis directement touché par l’éducation, donc ça m’inquiète plus. […] Ce sont les services publics qui profitent plus à ceux qui en ont le plus besoin. Donc c’est un peu inquiétant. »

Julien Groulx, étudiant à l’École de technologie supérieure, Montréal

Plus de baisse pour les plus riches

« Je pense que c’est une mauvaise idée, tout simplement parce que l’argent ne va pas au bon endroit. Je ne suis pas économiste, mais il suffit de lire les exemples qui ont été donnés pour comprendre qu’en bas de 30 000 $, les gens ne recevront rien. Ça donne plus d’argent aux plus riches en retour d’impôts, aucun argent ou peu pour ceux qui ont des revenus plus bas. Ce n’est pas efficace : en ce moment au Québec, on n’a pas besoin de recevoir un chèque, on a besoin de recevoir de meilleurs services, un peu partout et à tous les niveaux. Ça ne me rend pas heureuse. Ça n’est pas quelque chose que j’approuve. »

Gabrielle Duchesneau, employée de la fonction publique, Montréal

Propos recueillis par Stéphanie Bérubé, La Presse, photos de Martin Chamberland, La Presse