(Washington) Le marché de l’emploi aux États-Unis a déjoué les pronostics en janvier, affichant une santé de fer en dépit des craintes de ralentissement et annonces de licenciements, avec un rebond des créations d’emplois, et un taux de chômage au plus bas depuis 1969.

Le président Joe Biden a salué « la plus forte croissance de l’emploi de l’histoire » et « le taux de chômage le plus bas en 54 ans », signe, assure-t-il, que son programme économique « fonctionne ».

« Nous avons créé 12 millions d’emplois depuis que j’ai pris mes fonctions », a-t-il souligné depuis la Maison-Blanche, et « le chômage des Afro-Américains et des Hispaniques est au plus bas ».

Le démocrate voit, dans le fait que « plus de personnes arrivent sur le marché, recherchent et obtiennent des emplois, un signe positif pour la santé de l’économie à l’avenir », alors que de nombreux économistes craignent une récession en 2023.

« Si les commentateurs économiques ont été cohérents sur deux points depuis que (Joe Biden) est devenu président, c’est : (1) prédire une récession au cours des six prochains mois, et (2) se tromper à chaque fois », avait, plus tôt, ironisé son chef de cabinet, Ron Klain, sur Twitter.

Croissance de l’emploi « généralisée »

Au cours du premier mois de l’année, 517 000 emplois ont été créés, a annoncé vendredi le département du Travail.

« La croissance de l’emploi a été généralisée » détaille le département du Travail dans son communiqué, citant notamment les loisirs et l’hôtellerie, les services professionnels et commerciaux et les soins de santé.

C’est près du double des 260 000 emplois créés en décembre, selon des données révisées à la hausse et également publiées vendredi. Les analystes, eux, prévoyaient un ralentissement, à 187 000, selon le consensus de Briefing.com.

« Le rythme de croissance de l’emploi avait eu tendance à baisser au cours des six derniers mois, mais janvier a rompu cette tendance », observe le chef économiste de l’association des banquiers immobiliers (MBA), Mike Fratantoni.

Quant au taux de chômage, qui avait déjà retrouvé depuis plusieurs mois son niveau d’avant la pandémie, le plus bas en 50 ans, il recule encore un peu, à 3,4 % (-0,1 point).

« Le marché du travail est bien trop fort pour la bonne santé de l’économie ! », avertit cependant Kathy Bostjancic, cheffe économiste pour la compagnie d’assurances Nationwide.

Cela augmente en effet, paradoxalement, le risque de récession. Car la banque centrale américaine, la Fed, devrait vouloir continuer de relever ses taux, pour faire ralentir l’économie, et ainsi être certaine de faire rentrer dans les clous la trop forte inflation.

Grande démission

Les créations d’emplois dans le seul secteur privé, publiés mercredi, avaient pourtant ralenti, selon l’enquête mensuelle ADP/Stanford Lab.

Mais cela était dû à des conditions météorologiques défavorables, et, qu’on ne s’y trompe pas, le marché du travail reste « solide », selon la cheffe économiste d’ADP, Nela Richardson.  

Un signe, quand même, tend à montrer que la situation évolue : la hausse des salaires est désormais moins forte, +4,4 % sur un an, contre +4,8 % en décembre, et même +5,9 % en mars dernier.  

Depuis près de deux ans en effet, le pays manque de main-d’œuvre. Les entreprises, ne parvenant pas à trouver suffisamment de travailleurs, ont dû relever les salaires, en plein épisode de flambée de l’inflation.

La « Grande Démission » a ainsi vu des millions de personnes quitter leur emploi pour profiter de conditions plus favorables dans une autre entreprise.

Échaudés par ces difficultés et alors que l’économie montre des signes de ralentissement, les employeurs hésitent désormais à licencier ces salariés qu’ils ont eu tant de mal à recruter et qu’ils ont dû former.

Les entreprises de la « tech » cependant, qui avait recruté à tour de bras depuis le début de la pandémie, voient la situation se retourner et les annonces de licenciements se multiplient, de la maison mère de Google, Alphabet, à Amazon, Meta, ou encore Microsoft.

Ailleurs, FedEx, 3 m, ou encore Goldman Sachs, se séparent d’une partie de leur personnel.

Malgré cela, « les licenciements dans l’ensemble […] restent faibles », avait relevé jeudi Nancy Vanden Houten, économiste pour Oxford Economics.

Les inscriptions hebdomadaires au chômage ont même reculé fin janvier, à leur plus bas niveau depuis avril 2022, selon le département du Travail.