Le jeu de chaises musicales se poursuit à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) : membre du comité de direction et chef de l’analyse économique, l’ex-ministre libéral Martin Coiteux prépare sa sortie, prévue le mois prochain. Entre-temps, un autre cadre – directeur de la conformité des investissements – a plié bagage.

Cela porte à cinq le nombre de postes décisionnel où des changements sont survenus ou attendus. Le 14 janvier dernier, La Presse a rapporté que le poste de la responsable des marchés boursiers, Helen Beck, avait été supprimé et que Claude Bergeron, premier vice-président et chef de la direction des risques, comptait prendre sa retraite en 2023.

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« Il fait partie du cours normal des choses que des changements surviennent de temps à autre au niveau de la haute direction, souligne une porte-parole de la CDPQ, Kate Monfette. Cela nous donne par ailleurs l’occasion de réfléchir aux façons de faire évoluer notre organisation pour mieux répondre à nos besoins d’affaires. »

Moins de quatre ans

Embauché en 2019 à titre d’économiste en chef, M. Coiteux prend du galon l’année suivante en devenant responsable de l’analyse économique et de la stratégie globale du bas de laine des Québécois. L’ancien politicien et son équipe conseillent les différents secteurs de l’institution en matière d’investissement. Il est également membre du comité investissement-risques.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Le siège social de la Caisse de dépôt et placement du Québec au centre-ville de Montréal

C’est à la fin de 2022, une année mouvementée marquée par d’importants reculs sur les marchés, que le principal intéressé a annoncé ses couleurs. La CDPQ affirme que le principal intéressé souhaite « prendre une pause et se consacrer à sa famille ».

« La transition a déjà été entamée et nous annoncerons prochainement qui le remplacera », affirme Mme Monfette.

La Presse n’a pas été en mesure de joindre M. Coiteux, qui fêtera son 61e anniversaire le 5 février. Son ancien collègue Carlos Leitão, ministre des Finances dans le gouvernement libéral de Philippe Couillard, se doutait qu’il y avait un changement dans l’air.

« Nous nous étions rencontrés plus tôt cette année et je savais qu’il y avait du mouvement, a raconté M. Leitão, en entretien téléphonique avec La Presse. Je n’ai pas eu d’autres détails. Il [M. Coiteux] ne prendra pas une pause pour toujours. Il est encore jeune. »

Jusqu’à son départ au terme du scrutin provincial de 2018, M. Coiteux avait été président du Conseil du trésor de 2014 à 2016 avant d’être nommé ministre de la Sécurité publique et ministre des Affaires municipales.

L’autre départ concerne Sylvain Laurent, directeur principal de la conformité et des investissements depuis plus de 21 ans. Celui-ci a quitté la Caisse pour un poste de « spécialiste, conformité et gestion des risques », chez Fondaction, dont l’actif net était de 3,25 milliards au 30 novembre. En comparaison, celui de la CDPQ atteignait 392 milliards à la fin de juin.

Avant une mise à jour

Il y a du changement dans l’air au sein du gestionnaire de régimes de retraite et d’assurance publics et parapublics, qui présente habituellement ses résultats annuels à la mi-février. La performance risque d’être négative étant donné les difficultés des marchés boursiers et de l’économie en 2022.

Directeur général de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP), François Dauphin concède qu’il y a « plusieurs hauts dirigeants » concernés par des changements à la CDPQ. Prudent, le spécialiste estime qu’il y a quelques hypothèses à l’origine des récents départs à la Caisse.

« Il y avait déjà eu des changements dans les deux dernières années, souligne M. Dauphin. C’est peut-être un suivi de ce qui a déjà été fait. On termine aussi une année tumultueuse. Peut-être qu’il y a eu du mécontentement à certains égards. »

MM. Coiteux et Bergeron siègent au comité investissement-risques de la CDPQ. L’institution n’a pas dévoilé, lundi, la composition complète de son équipe à ce chapitre. En matière de vérification au préalable, deux placements de la Caisse ont suscité de nombreuses questions en 2022 : l’investissement d’environ 200 millions dans Celsius Network est déjà radié. Cette cryptobanque est à l’abri de ses créanciers depuis juillet dernier dans la foulée d’une crise des liquidités provoquée par le plongeon des cryptomonnaies comme le bitcoin.

De plus, la dégringolade du producteur indien d’énergie renouvelable Azure Power Global en raison d’une affaire d’irrégularités et d’inconduites de la part de certains employés a coûté des centaines de millions à la CDPQ depuis le printemps dernier.

Avec André Dubuc, La Presse

En savoir plus
  • - 7,9 %
    Rendement de la CDPQ pendant les six premiers mois de 2022. C’est une perte sur papier de 33,6 milliards.
    source : Caisse de dépôt et placement du Québec
    - 10,5 %
    Indice de référence de la Caisse au 1er semestre de 2022.
    source : Caisse de dépôt et placement du Québec