Le chef conservateur Pierre Poilievre estime qu’une réforme de la fiscalité canadienne est nécessaire

(Ottawa) La fiscalité canadienne pénalise le travail, soutient le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, qui presse le gouvernement Trudeau de corriger cette situation néfaste pour l’économie dès le prochain budget.

Le fisc canadien se montre beaucoup trop gourmand à l’égard des travailleurs qui accumulent les heures, soit pour améliorer leur sort ou simplement joindre les deux bouts à cause de l’inflation qui continue de faire des ravages, selon M. Poilievre.

Au moment où les entreprises doivent composer avec une pénurie de main-d’œuvre partout au pays, la ministre des Finances, Chrystia Freeland, doit impérativement jeter du lest en réduisant le fardeau fiscal des contribuables afin de récompenser le travail, avance-t-il.

Mme Freeland planche actuellement sur son troisième budget depuis qu’elle a succédé à Bill Morneau au poste de ministre des Finances en août 2020. En principe, ce budget doit être déposé à la Chambre des communes d’ici la fin de mars.

Dans une entrevue accordée à La Presse avant d’entreprendre une tournée qui va le conduire à Montréal, Trois-Rivières et Québec, le chef conservateur a précisé les principales demandes budgétaires de son parti.

Il faut une réforme et une réduction d’impôt pour favoriser le travail.

Pierre Poilievre

On a une pénurie de main-d’œuvre en partie parce que ce n’est pas payant de travailler. Le travail n’est plus payant au Canada. Si les gens gagnent un autre dollar en salaire, ils paient trop d’impôts ou voient une réduction de leurs prestations. Le système tel qu’il est aujourd’hui pénalise le travail. Il faut changer cela pour rendre le travail plus payant », a affirmé le chef conservateur.

M. Poilievre cite en exemple un rapport du ministère des Finances qui souligne le cas d’une mère de famille monoparentale de trois enfants qui voit certaines de ses prestations réduites dès qu’elle touche un salaire qui dépasse 60 000 $. « Si cette mère gagne un autre dollar de plus, elle perd 80 cents de ce dollar en impôts et en réduction de prestations. Personne ne veut travailler plus d’heures dans ces conditions. Je rencontre souvent des gens qui me disent : ‟Je travaille plus fort. J’ai même pris un deuxième emploi. Mais ça ne change rien et je n’ai pas amélioré ma situation." Donc, il faut changer cela. »

Retour à l’équilibre

Selon Pierre Poilievre, la ministre Freeland doit plus que jamais préciser le calendrier d’un retour à l’équilibre budgétaire. Depuis qu’ils sont arrivés au pouvoir, en 2015, les libéraux de Justin Trudeau ont multiplié les budgets rédigés à l’encre rouge, enregistrant un déficit record de plus de 320 milliards de dollars durant la pandémie de COVID-19. Ottawa prévoit que le déficit atteindra les 36 milliards de dollars durant l’exercice financier en cours, qui prend fin le 31 mars.

« Il faut contrer l’inflation libérale en éliminant les déficits inflationnistes qui ont augmenté le coût de la vie le plus rapidement en 40 ans. Justin Trudeau a doublé notre dette nationale. À lui seul, il a augmenté le fardeau de la dette plus que tous les autres premiers ministres réunis depuis 1867 », a-t-il dit.

Les Canadiens ne peuvent plus payer les dépenses de Justin Trudeau. Je veux qu’il renverse ces politiques inflationnistes.

Pierre Poilievre

En entrevue, M. Poilievre a relevé que l’ancien ministre des Finances Bill Morneau lui donne raison dans un livre sur ses années en politique, dans lequel il affirme que le gouvernement Trudeau a trop dépensé durant la pandémie.

« C’est intéressant. C’est ce que je dis depuis trois ans. Maintenant, il est d’accord, et le gouverneur de la Banque du Canada dit aussi qu’il y a eu trop de dépenses durant la pandémie. Mais on continue de trop dépenser, même après la fin de la pandémie. Les dépenses durant la pandémie, ce n’était pas juste pour aider les gens durant la crise. Des paiements ont été faits à des prisonniers ou des gens qui étaient morts », a-t-il noté, relevant les exemples contenus dans le dernier rapport de la vérificatrice générale Karen Hogan.

Dans son rapport, la vérificatrice estime « que des paiements en trop totalisant 4,6 milliards » ont été versés dans le cadre des programmes d’urgence qui ont été mis sur pied.

« Le gaspillage sous ce gouvernement est sans précédent », a affirmé le chef conservateur.

« Le plus incroyable, c’est que Justin Trudeau a réussi à doubler notre dette nationale sans améliorer notre système de santé. Après sept ans de gouvernement de Justin Trudeau, le système de santé est pire que jamais. »

Pour éviter une nouvelle hausse des dépenses du gouvernement fédéral, M. Poilievre revient à la charge avec sa proposition selon laquelle il faut qu’Ottawa trouve un dollar d’économie pour chaque dollar de nouvelle dépense.