(Londres) La crise du coût de la vie, conséquence de l’inflation exacerbée par la guerre en Ukraine et de la réouverture post-COVID-19 de l’économie, est le risque planétaire numéro un pour les deux ans à venir, d’après une enquête du Forum économique mondial.

Ce risque, qui crée de fortes tensions dans de nombreuses régions du monde en faisant basculer des millions de personnes dans la grande pauvreté tout en attisant les tensions sociétales, dépasse celui des désastres naturels et évènements climatiques extrêmes, toutefois vus comme le plus fort risque à long terme.

« Les conflits et tensions géoéconomiques ont déclenché une série de risques planétaires profondément interconnectés », d’après un communiqué pour le lancement du rapport sur les risques mondiaux 2023 du Forum économique mondial, une enquête auprès de 1200 experts et décideurs publiée mercredi.

Ces risques comprennent « des pressions sur l’approvisionnement en énergie et alimentation, qui devraient durer pour les deux prochaines années, et de fortes augmentations dans la crise du coût de la vie et le coût de la dette » à cause d’une flambée des prix de l’énergie et des taux d’intérêt, poursuit le communiqué.

Ils « nuisent aux efforts pour lutter contre d’autres menaces de long terme, principalement le changement climatique » et l’effondrement de la biodiversité, poursuit le communiqué, à cinq jours du début de la grande réunion annuelle du Forum économique mondial, qui se tient à Davos du 16 au 20 janvier.

Le rapport, produit en partenariat avec le cabinet d’assurances et de conseil en gestion du risque Marsh McLennan ainsi qu’avec l’assureur Zurich Insurance Group, appelle à une action collaborative mondiale rapide au regard de fenêtres d’action « qui se réduisent rapidement ».

« La pandémie mondiale et la guerre en Europe ont ramené au premier plan les crises de l’énergie, de l’inflation, de l’alimentation et de la sécurité », poursuit le communiqué, qui évoque aussi le risque de « sociétés polarisées par la désinformation et la mauvaise information » ou encore « de guerres géoéconomiques ».

« À moins que le monde commence à collaborer efficacement sur la modération [des changements climatiques] et sur l’adaptation climatique, les dix prochaines années vont amener plus de réchauffement planétaire et d’effondrement écologique », souligne le texte.

En parallèle, les crises liées aux rivalités géopolitiques entre différents pays « menacent de créer de la détresse sociétale à un niveau sans précédent, étant donné que les investissements dans la santé, l’éducation et le développement économique disparaissent, en érodant plus encore la cohésion sociale ».

Autre conséquence néfaste de ces rivalités : « une reprise de l’armement et de la militarisation, particulièrement à travers les nouvelles technologies ou des acteurs voyous », conclut le rapport.

Lors d’une conférence de presse à Londres, une des dirigeantes du World Economic Forum, Saadia Zahidi, a souligné que les experts et responsables interrogés lors de l’enquête estimaient que les conflits traditionnels étaient devenus un risque moindre comparativement aux guerres géoéconomiques (sanctions, barrières commerciales…) ou informatiques.

« La nature des conflits change », a-t-elle indiqué. « Cela ne veut pas dire que cela ne devrait pas nous inquiéter, car pour la première fois depuis longtemps, les dépenses militaires ont enregistré une augmentation faible, mais marquée dans beaucoup de grandes économies », a-t-elle fait valoir.