L’emploi augmente, les salaires aussi, mais toujours pas de quoi suivre l’inflation

Malgré la rareté de la main-d’œuvre, le marché du travail a continué de créer des emplois en mai, mais au prix d’une croissance accélérée des salaires.

C’est au Québec que l’augmentation des salaires est la plus rapide. Le salaire horaire moyen a augmenté de 6,9 % en mai sur une base annuelle, un taux supérieur à l’inflation du mois dernier (6,8 %).

Depuis plusieurs mois déjà, la croissance des salaires au Québec est supérieure à celle du Canada, souligne Simon Savard, économiste de l’Institut du Québec. « Mais les salaires ne suivent pas l’inflation et le pouvoir d’achat se dégrade, dit-il. C’est juste que le pouvoir d’achat se dégrade moins rapidement au Québec. »

Selon Statistique Canada, la croissance du salaire horaire est estimée à 3,3 % en Ontario ; la moyenne canadienne est de 3,9 %.

5000 emplois de plus au Québec

Le mois de mai s’est terminé avec 5100 emplois de plus au Québec. Il s’agit surtout d’emplois à temps plein, notamment dans le commerce de gros et de détail. Le taux de chômage a quitté son creux record de 3,9 % pour remonter à 4,2 %, parce que de plus en plus de gens sont revenus sur le marché du travail. Il y a encore près de 200 000 chômeurs au Québec.

Dans la région métropolitaine de Montréal, le taux de chômage est resté inchangé, à 4,8 %.

Les grandes fluctuations du marché de l’emploi sont chose du passé, estime Joëlle Noreau, économiste de Desjardins. « Le taux de chômage peut encore baisser un peu, mais ce sera difficile à cause de la pénurie de main-d’œuvre », explique-t-elle.

Il pourrait se mettre à remonter à moyen terme parce que la croissance économique devrait ralentir et réduire la pression sur le marché de l’emploi. « Avec la hausse des taux d’intérêt, les secteurs de la construction et de l’immobilier devraient ralentir, ce qui aura un impact sur l’emploi », prévoit-elle.

Nouveau record au Canada

Pour le troisième mois consécutif, le taux de chômage au Canada a établi un nouveau record en mai, à 5,1 %. La création nette d’emplois a été de 40 000, un nombre supérieur aux attentes des observateurs du marché.

En tenant compte des personnes qui sont sans emploi, mais n’en cherchent pas, le taux de chômage au Canada atteint 7 %, son taux le plus bas depuis que les statistiques existent.

C’est l’Alberta qui a mené la création d’emplois en mai, avec 28 000 postes supplémentaires. En Alberta, dont l’économie est tirée par les prix élevés du pétrole, le taux de chômage a baissé de 0,6 point, à 5,3 %.

La Banque du Canada sous pression

Compte tenu de la rareté de la main-d’œuvre, les pressions à la hausse sur les salaires vont se poursuivre, estiment les économistes de la Banque Nationale, Kyle Dahms et Alexandra Ducharme. Ils soulignent que le ratio chômeurs-postes vacants est à un creux historique, à 1,2, et que les entreprises devront s’adapter.

« La gestion de la masse salariale va devenir cruciale, ce qui pourrait signifier une limitation des embauches dans les mois à venir », estiment-ils.

Pour la Banque du Canada, qui a déjà relevé trois fois son taux directeur depuis le début de l’année, le portrait de l’emploi du mois de mai est un incitatif à continuer ses efforts pour tenter de désamorcer l’inflation.

Il faut donc s’attendre à une autre augmentation du taux directeur, probablement de 50 points de base, lors de la prochaine annonce de la banque centrale le 13 juillet.

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    Salaire horaire moyen au Canada en mai, en hausse de 3,9 % depuis un an
    SOURCE : STATISTIQUE CANADA