La Banque du Canada a relevé son taux directeur de 50 points pour le porter à 1,5 %, et télégraphie une autre hausse de la même ampleur lors de sa prochaine décision prévue le 13 juillet.

La banque centrale est prête « à agir avec plus de force s’il le faut pour honorer son engagement à atteindre la cible d’inflation de 2 % », affirme-t-elle dans son communiqué mercredi, ce qui indique sa détermination à combattre la hausse des prix.

Cette hausse des taux d’intérêt, la troisième depuis le début de l’année, était largement attendue par les économistes. La banque centrale a encore du travail à faire parce que le taux d’inflation culmine à 6,8 %, un sommet depuis 30 ans, et elle prévoit qu’il continuera à monter au cours des prochains mois.

Les autorités monétaires soulignent que l’augmentation de l’inflation est généralisée à l’échelle mondiale, en raison de la guerre en Ukraine, des confinements en Chine et des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement.

L’augmentation des taux d’intérêt n’aura pas d’impact sur ces causes d’inflation de nature géopolitique, mais la Banque du Canada espère pouvoir calmer le jeu au pays, où l’économie tourne à plein régime et où les entreprises peinent à recruter de la main-d’œuvre. Même le marché immobilier, qui a commencé à montrer des signes de ralentissement après les deux premières hausses des taux d’intérêt, reste tout près de son niveau exceptionnellement élevé, soulignent les autorités monétaires.

« Il est clair que l’économie est en situation de demande excédentaire », constate donc la Banque du Canada en annonçant d’autres hausses à venir.

Des taux à 3 % à la fin de l’année ?

Le ton agressif du message de mercredi de la banque centrale laisse croire que les taux d’intérêt pourraient atteindre 3 % d’ici la fin de l’année, soit un niveau supérieur au taux considéré comme neutre qui pourrait précipiter une récession. « La question clé qui se pose est de savoir si la banque devra hausser ses taux au point de devenir restrictive, c’est-à-dire au-delà de 3 % », soulignent les économistes Taylor Schleich et Warren Lovely, de la Banque Nationale, qui pensent que « les hausses de taux hors normes pourraient continuer plus longtemps ».

Une augmentation de 75 points de base en juillet est une probabilité « non négligeable », selon les économistes de la Banque Nationale, qui rejoignent là-dessus plusieurs autres observateurs.

115 $ de plus par mois

La hausse du taux directeur a un impact immédiat sur le coût du crédit à taux variables, comme les marges et les cartes de crédit, de même que les prêts hypothécaires à taux variables.

Le taux hypothécaire variable, qui est actuellement de 1,90 % pour un terme de cinq ans, passe à 2,40 %. Un prêt de 473 229 $ coûtera donc 115 $ de plus par mois ou 1380 $ par année aux propriétaires de la maison, selon le site Ratehub.ca.

Trop et trop tard

À 1,5 %, le taux directeur de la Banque du Canada est encore inférieur de 25 points de base à ce qu’il était avant la pandémie. Plusieurs économistes croient que les autorités monétaires ont été lentes à réagir à la résurgence de l’inflation et doivent maintenant mettre les bouchées doubles pour rattraper ce retard.

« Ce cycle de hausses est le plus rapide depuis le début de l’ère du ciblage de l’inflation », soulignent par exemple les économistes de Desjardins Royce Mendes et Tiago Figueiredo dans leur analyse de la décision de la banque centrale.

Le temps va peut-être manquer, estiment-ils, parce que la Banque du Canada va peut-être devoir interrompe son combat contre l’inflation avant de nombreux autres pays, compte tenu de la sensibilité de l’économie canadienne aux taux plus élevés. Le marché de l’habitation réagit déjà négativement aux taux plus élevés, soulignent les économistes de Desjardins.

Après une prochaine hausse de 50 points en juillet, la banque pourrait revenir à des augmentations de 25 points de base en septembre.