(Washington) Les entreprises américaines ont continué en avril à multiplier les embauches, une solidité du marché de l’emploi saluée par Joe Biden qui y voit les fruits de sa politique économique.

Malgré des coûts plus élevés en raison d’une pénurie de main-d’œuvre chronique et d’une inflation record, les employeurs ont ajouté 428 000 nouveaux emplois à la première économie du monde, en particulier dans les secteurs des services, dans l’industrie manufacturière et les transports, ceux qui ont été les plus durement affectés par la pandémie.  

C’est plus que les 395 000 emplois qui étaient escomptés par un consensus d’analystes, mais autant qu’en mars après une révision en légère baisse.

En deux ans, l’économie américaine a recréé près de 95 % des 22 millions d’emplois détruits quand la pandémie de COVID-19 avait paralysé l’activité économique et plongé les États-Unis dans une profonde récession au printemps 2020.

Bien qu’il y ait eu un effet de rattrapage après des destructions aussi immédiates que massives ainsi qu’un chômage record de 14,7 % en avril 2020, le président démocrate s’est attribué la paternité de ce redressement.

« Nos mesures politiques ont produit les créations d’emplois les plus fortes des temps modernes », a commenté Joe Biden dans un communiqué. « La baisse du chômage [est] la plus rapide jamais enregistrée depuis le début d’un mandat présidentiel », a-t-il ajouté.

Le taux de chômage est, lui, resté à 3,6 % proche de celui de février 2020, c’est-à-dire juste avant la propagation de la pandémie. À 3,5 %, il était alors à son plus bas niveau depuis 1969.

En avril, le nombre de chômeurs est demeuré « essentiellement inchangé à 5,9 millions », a souligné le ministère dans son communiqué.

Le taux de chômage des personnes noires ou afro-américaines a en revanche diminué le mois dernier, à 5,9 % contre 6,2 % en mars tout en restant très supérieur à celui des Blancs (3,2 %, inchangé) et à celui des Hispaniques (4,1 %, en baisse de 0,1 point).

Tant le taux de participation au marché de l’emploi, à 62,2 %, que le ratio emploi-population, à 60,0 %, ont en revanche « peu varié », estime le ministère. Ils restent chacun inférieurs de 1,2 point de pourcentage à leur niveau de février 2020.

Pénuries de main-d’œuvre

Depuis un an, les entreprises sont confrontées à des pénuries de salariés après de nombreux départs à la retraite pendant la pandémie, et des démissions massives chaque mois pour trouver de meilleures conditions d’emplois.  

Gregory Daco, chef économiste EY Parthenon, note que le taux de participation a perdu 0,2 point de pourcentage le mois dernier, « au plus bas depuis quatre mois ». L’offre de main-d’œuvre évolue ainsi « dans la mauvaise direction », estime-t-il.

« Alors qu’un taux de chômage plus bas serait formidable, ce n’est peut-être pas souhaitable », a-t-il ajouté dans une note. « Le paradoxe est qu’il serait plus sain pour le marché du travail si le taux de chômage se stabilisait aux niveaux actuels et si la participation au marché du travail augmentait vers ses niveaux d’avant la pandémie ».  

Il table sur la création de plus de quatre millions d’emplois cette année, avec un taux de chômage proche de 3,3 % d’ici la fin de l’année.

Selon une autre enquête du ministère du Travail publiée cette semaine, il y avait en mars plus de 11 millions d’emplois disponibles dans le pays, un record.

« Et, le secteur des loisirs et de l’hôtellerie compte toujours 1,4 million d’emplois de moins qu’avant la crise », a commenté Diane Swonk, économiste de Grant Thronton. Ce delta représente plus que les 1,2 million d’emplois manquants par rapport au pic de février 2020, souligne-t-elle.

Pour le secteur de l’éducation publique, il manque encore plus de 300 000 emplois. « L’épuisement professionnel et les gains salariaux à la traîne dans l’éducation n’aident pas » à l’embauche, a-t-elle expliqué.  

Pour tenter d’attirer les candidats, les entreprises du secteur privé ont amélioré les conditions salariales, multipliant les primes à l’embauche et proposant désormais des avantages sociaux plus généreux.

Cela a alimenté la hausse des salaires, qui ont augmenté de 0,3 % en avril par rapport à mars. Sur un an, ils ont avancé de 5,5 %, un bond toutefois insuffisant pour compenser l’inflation record.

« La lutte contre l’inflation est une priorité absolue pour moi », a répété Joe Biden, accusant la pandémie et l’invasion de l’Ukraine par la Russie d’être responsables de l’aggravation de l’inflation.

L’inflation a atteint à 8,5 % sur un an en mars, selon l’indice CPI, au plus haut depuis 40 ans.