Le chien de garde de la qualité dans la construction résidentielle affirme pouvoir inspecter toutes les habitations neuves avec son équipe actuelle d’environ 15 vérificateurs. Parallèlement, des voix s’élèvent pour demander à Québec d’accélérer le pas et de rendre obligatoire la surveillance sur les chantiers pour mieux protéger les consommateurs.

Garantie de construction résidentielle (GCR) s’attend à avoir visité 60 % des chantiers cette année, 80 % en 2022 et 100 % en 2023, d’après son plan présenté vendredi, dans le cadre d’un évènement réunissant les acteurs de l’industrie.

« Oui, oui, oui », a affirmé son président-directeur général, Daniel Laplante, interrogé à plus d’une reprise sur la question en marge de l’évènement. « On n’y va pas d’une manière aléatoire. On a 18 inspecteurs. On a le personnel de soutien. »

D’après le dirigeant de GCR, ce nombre pourrait grimper à 21 personnes. Selon une présentation datant du mois de septembre, on recensait 15 inspecteurs au sein de l’organisme sans but lucratif pour couvrir la totalité du territoire québécois.

En 2020, l’organisme avait enregistré plus de 14 000 habitations. Pour inspecter l’ensemble de ces chantiers à une seule occasion, chaque inspecteur devrait quotidiennement effectuer quatre vérifications – ce qui ne tient pas compte des tâches connexes comme la rédaction des rapports et d’imprévus comme des absences pour cause de maladie – en travaillant 220 jours dans une année.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Daniel Laplante, PDG de Garantie de construction résidentielle

Les inspections peuvent prendre jusqu’à deux heures. Je n’ai pas le temps [exact] en tête. C’est très informatisé, aussi.

Daniel Laplante, PDG de Garantie de construction résidentielle

GCR, qui a vu le jour en 2015 et qui a connu des débuts difficiles, surveille les maisons unifamiliales, les immeubles résidentiels ainsi que les constructions de quatre parties privatives superposées ou moins.

Lisez l’article « GCR : des débuts difficiles »

L’organisme doit visiter tous les chantiers assujettis à son mandat à compter de 2023. À quelle étape de la construction les entrepreneurs recevront-ils la visite des représentants de l’organisme ? Lesquels feront l’objet d’un suivi plus serré ?

Il est difficile de répondre précisément à ces questions. GCR prendra ces décisions en se fiant à son classement des entrepreneurs en fonction d’une cote de qualité. Ce système sert à déterminer le coût et la fréquence des inspections pour chacun.

« L’inspection est systématique, affirme M. Laplante. Ce qui n’est pas systématique, c’est à quelle étape [elle se fait]. Parfois, on va le faire au moment de la fondation. Ce sera lorsque l’on ferme les murs à d’autres moments. C’est un processus de sélection en fonction d’une gestion de risque. »

GCR mènera deux types d’inspection : une « complète » pouvant atteindre environ 470 points, et une autre se penchant sur les aspects qui font l’objet de réclamations fréquentes des consommateurs.

Lisez l’article « Un chien de garde qui manque de mordant »

Encore plus

Les représentants des intérêts de l’industrie et des consommateurs ont salué les efforts de GCR, mais la plupart en demandent plus. Beaucoup estiment que le Québec devrait s’inspirer de provinces comme l’Ontario et l’Alberta, où les activités d’un chantier peuvent être interrompues si des irrégularités sont découvertes.

« On passe de la grande noirceur à un moment où il y a une police, quelque part, qui va peut-être débarquer sur un chantier », a lancé Yves Joli-Cœur, secrétaire général du Regroupement des gestionnaires et copropriétaires du Québec. « GCR, si elle découvre une déficience, n’a pas le pouvoir coercitif pour forcer l’entrepreneur à corriger la déficience, contrairement à la surveillance de chantier. »

Marc-André Harnois, directeur général de l’Association des consommateurs pour la qualité dans la construction, a aussi dit s’attendre à ce que l’augmentation de la fréquence des inspections de GCR pave la voie à une surveillance accrue des chantiers.

L’Association de la construction du Québec (ACQ) représente plus de 18 000 entrepreneurs, qui érigent notamment des bâtiments qui ne sont pas sous la loupe de GCR. Son porte-parole, Guillaume Houle, souhaite que cela change.

Ce qu’on a entendu aujourd’hui, c’est très bien, mais on croit que le Québec est mûr pour une nouvelle forme d’inspection. On croit qu’il devrait y avoir des inspections obligatoires pour l’ensemble des bâtiments au Québec.

Guillaume Houle, porte-parole de l’Association de la construction du Québec

L’ACQ affirme effectuer « en moyenne » huit inspections par projet « à différentes étapes importantes » du chantier.

Du côté de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec, le président-directeur général, Luc Bélanger, s’est montré plus prudent. Le programme de GCR va dans la « bonne direction », mais en ce qui a trait aux appels lancés à la surveillance des chantiers, M. Bernier a expliqué qu’il devait y avoir une coordination.

« Parce que cela peut être difficile pour un entrepreneur qui doit attendre l’arrivée d’un inspecteur pour fermer un mur », a-t-il fait observer. 

Les représentants de l’industrie auront l’occasion de faire part de leurs arguments le 2 décembre, lors d’une rencontre avec la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest.

Avec la collaboration de Marie-Eve Fournier et d’Hugo Joncas, La Presse

GCR et ses cotes de qualité

Le 29 septembre, il y avait environ 2800 entrepreneurs accrédités (cotes AA-A-B-C-D-N)

  • AA : 404 (14 %)
  • A : 487 (17 %)
  • B : 276 (10 %)
  • C : 164 (5,8 %)
  • D : 2 (0,1 %)
  • Non cotés : 1483 (52,7 %)