(Montréal) Malgré la pandémie de la COVID-19, le Québec a connu une année faste au plan des mises en chantier résidentielles, la meilleure depuis 2004.

L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) précise que le nombre de mises en chantier a atteint 54 006 en 2020 par rapport à 47 967 en 2019, soit une croissance de 13 %.

Cela est d’autant plus étonnant que les chantiers de construction ont été fermés du 24 mars au 19 avril 2020, puis partiellement jusqu’au 11 mai, à cause du coronavirus.

« Je vous avoue qu’on est surpris par les résultats, même si j’étais parmi ceux qui étaient relativement optimistes. On ne parle pas juste d’avoir rattrapé le retard de la fermeture des chantiers au printemps 2020, là. On a fait ce rattrapage-là et c’est vraiment une véritable croissance », a lancé en entrevue mercredi Paul Cardinal, directeur du service économique à l’APCHQ.

C’est la construction de logements collectifs, soit les condominiums, maisons jumelées et maisons en rangée, qui représente 80 % des nouvelles constructions.

Et la construction de logements locatifs, en plus, va aussi fort bien, alors que le Québec affichait justement de bas taux d’inoccupation des logements depuis quelques années, relève M. Cardinal. Il ne s’agit pas nécessairement de logements sociaux ou abordables, mais de logements plus dispendieux, admet-il.

Effets du confinement

« Le secteur de l’habitation en général va peut-être sortir en quelque sorte gagnant de la pandémie, parce que les gens ont beaucoup d’intention d’acheter des propriétés, de changer de région, d’acheter des résidences secondaires. Donc, ça va bouger encore au cours des prochaines années », avance M. Cardinal.

De plus, la pandémie, à cause de la généralisation du télétravail qu’elle a provoquée, a changé certaines habitudes de vie. Les gens ne croient plus qu’il soit aussi nécessaire « d’être collés sur le bureau », illustre M. Cardinal.

De même, il souligne que les gens réclament plus d’espaces dans une maison pour y aménager des bureaux. Ils veulent aussi avoir une cour et un jardin. Et ceux qui sont en logement veulent avoir un balcon.

Régions

Il a souligné que certaines régions se sont particulièrement démarquées, comme Sherbrooke, qui a connu une croissance de 20 %, et le Saguenay, une croissance de 18 %. Ce sont les plus fortes augmentations des mises en chantier de l’année 2019.

« Sherbrooke a le vent dans les voiles. Le solde migratoire est positif de ce côté-là. L’Estrie en général est une région qui pourrait être favorisée par certains déplacements, comme les professionnels qui font du travail de bureau et qui auront peut-être la possibilité de faire du télétravail sur une base plus régulière, qui peuvent choisir de s’éloigner ou d’aller habiter dans leur résidence secondaire », décrit M. Cardinal.

Dans cette optique, d’autres régions seront à surveiller, comme la Gaspésie et le Bas-Saint-Laurent, parce qu’elles pourraient attirer le même genre de clientèle, avance-t-il.