(Washington) Malgré les promesses de l’administration Trump de financer les réductions d’impôts grâce au boum économique, le déficit budgétaire américain continue de se creuser pour bientôt approcher 1000 milliards de dollars.

Le mois dernier, le déficit fédéral a atteint un nouveau record pour un mois de mai, grimpant à 208 milliards de dollars, en hausse de 42 % en données brutes et de 8 % en tenant compte des ajustements liés aux dates de collecte des impôts.

En dépit des recettes issues des droits de douane imposés sur les importations chinoises dans le cadre de la guerre commerciale et malgré les créations d’emplois qui génèrent davantage d’impôts sur le revenu pour l’Oncle Sam, le déficit sur les huit premiers mois de l’exercice clos en septembre a déjà quasiment atteint le montant du déficit de toute l’année passée.

À 739 milliards de dollars en mai, il est de 206 milliards de dollars supérieur à celui de l’année dernière à la même époque et très proche du trou des 779 milliards atteint lors de l’exercice total 2018.

À ce rythme, il devrait frôler les 1000 milliards de dollars à la fin de l’exercice 2019 en octobre, peut-être même au-dessus des prévisions des services du Budget du Congrès (CBO) qui misent sur un passif de 897 milliards de dollars. Si l’on totalise dès maintenant les déficits mensuels sur les douze derniers mois, l’ardoise affiche déjà 985 milliards de dollars.

Au total sur les huit premiers mois de l’exercice en cours, si les recettes de l’État ont progressé de 2 % grâce au dynamisme de l’économie américaine, les dépenses sont en hausse de 9 %.

Usuellement en temps de croissance prolongée, comme c’est le cas pour les États-Unis (3,1 % au 1er trimestre en rythme annuel) – qui s’apprêtent à signer cet été la plus longue période d’expansion de leur histoire –, l’État en profite pour restaurer ses comptes et se constituer des munitions pour soutenir l’économie quand la conjoncture devient morose.

Mais cette démarche prudente n’est pas d’actualité et les déficits cumulés font grimper la dette publique américaine qui équivaut désormais au PIB du pays.  

Pour ajouter à l’insouciance, une théorie économique dans le vent parmi l’aile gauche du parti démocrate, la « théorie monétaire moderne », assure, à la faveur des taux d’intérêt historiquement bas, que les États-Unis grâce au dollar, monnaie de réserve dominante, peuvent emprunter sans compter.

À l’équilibre sous Clinton

La dernière fois que les États-Unis ont affiché un excédent budgétaire remonte à la période d’expansion de l’administration du démocrate Bill Clinton en 1999 et 2000 alors que le Congrès était dominé par les républicains.

Ensuite, la guerre en Irak sous George W. Bush (2002), puis la crise financière de 2008 et les plans de sauvetage bancaires qui sont allés avec, ont refait plonger les finances de l’État fédéral dans le rouge.   

Aujourd’hui, le poids du vieillissement de la population, qui entraîne la hausse des dépenses d’assurance maladie des plus âgés (Medicare) et de retraite, est pour beaucoup dans l’alourdissement du déficit. Ces dépenses ont gonflé de 100 milliards ces derniers mois.

Mais les réductions d’impôts que Donald Trump a accordées notamment aux entreprises (-11 % de recettes sur les huit premiers mois), la hausse des dépenses militaires (+13 %) et celle du coût de la dette dopée par des taux d’intérêt plus forts ont aussi chargé la facture.

Ce ne sont pas les « milliards et milliards de dollars » rapportés par les droits de douane de la guerre commerciale, comme l’affirme Donald Trump, qui peuvent rétablir l’équilibre.

Depuis le début de l’exercice fiscal, les droits de douane punitifs, sur les importations chinoises notamment, ont rapporté 21 milliards de dollars supplémentaires dans les caisses de l’État.

Ces droits sont en outre généralement avancés par les importateurs américains puis répercutés sur les prix de vente aux consommateurs, plutôt que prélevés à la source auprès des exportateurs chinois. Sans compter les mouvements sur les devises qui déjouent l’impact réel des tarifs.