Une dirigeante de la Banque du Canada s'est attardée jeudi à la « curieuse » croissance décevante des salaires au pays, alors même que le marché connaît l'une de ses plus importantes pénuries de main-d'oeuvre depuis des années.

Dans un discours prononcé à Toronto, la première sous-gouverneure de la banque centrale, Carolyn Wilkins, a souligné que la plus faible croissance des salaires dans les provinces productrices d'énergie, depuis la chute du prix du pétrole en 2014, avait entraîné une baisse des données nationales.

Cependant, même après avoir pris en compte ces facteurs, les salaires ne sont pas aussi élevés qu'ils devraient l'être sur un marché du travail qui a vu son taux de chômage chuter à son plus bas niveau en 43 ans, a-t-elle poursuivi.

« C'est particulièrement curieux quand on sait à quel point les entreprises ont du mal à doter les postes vacants », a affirmé Mme Wilkins devant la Chambre de commerce de Toronto.

« Pour autant que je sache, personne n'a trouvé d'explication irréfutable », a-t-elle observé à propos de la quête pour une explication.

« Mais il y a au moins quelques pistes sérieuses. »

Mme Wilkins a évoqué la possibilité les salaires soient plus bas que prévu parce qu'il n'est pas toujours simple de trouver la bonne personne pour doter certains postes. Aussi, la prudence de certains travailleurs peut faire en sorte qu'ils sont réticents à se chercher un meilleur emploi, et d'autres peuvent hésiter à déménager dans les régions où des emplois sont offerts.

Selon elle, des facteurs structurels pourraient également peser sur les salaires. Parmi ceux-ci se trouvent les innovations technologiques, qui ont réduit la demande pour les emplois routiniers, ainsi que la montée en puissance d'entreprises « phares », qui réduisent la concurrence, et l'économie des « petits boulots », qui réduit le pouvoir de négociation de certains travailleurs.

Mme Wilkins a proposé aux décideurs et aux entreprises de se concentrer sur certains domaines pour éventuellement améliorer le marché du travail. Ils pourraient notamment investir dans l'éducation et la formation, trouver des moyens d'encourager la mobilité de la main-d'oeuvre et accroître la compétitivité des entreprises canadiennes.

Elle a souligné que les résultats du dernier sondage de la banque sur les perspectives des entreprises suggéraient que la pénurie de main-d'oeuvre est l'une des pires depuis la Grande Récession, il y a dix ans. Les emplois vacants, a-t-elle ajouté, sont toujours en hausse au Canada et se dénombrent maintenant à 550 000.

La banque centrale prévoit que, dans les mois à venir, l'expansion économique du Canada recommencera à accélérer, et que la croissance des salaires emboîtera éventuellement le pas, a estimé Mme Wilkins.