(México) Quelques jours à peine après un accord sur l’entente commerciale remplaçant l’Accord de libre-échange nord-américain, le Mexique s’est opposé samedi à la mesure législative présentée au Congrès américain menant à sa ratification.

Le sous-secrétaire du ministère mexicain des Relations extérieures et négociateur en chef pour l’Amérique du Nord, Jesus Seade, a dit que la majeure partie du projet de loi est conforme au processus typique de ratification, mais il condamne la « désignation d’un maximum de cinq attachés américains au Mexique chargés de surveiller la mise en œuvre de la réforme du travail en cours ».

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De gauche à droite : la ministre canadienne des Affaires étrangères Chrystia Freeland, le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador et le sous-secrétaire du ministère mexicain des Relations extérieures et négociateur en chef pour l’Amérique du Nord, Jesus Seade

Selon lui, cet ajout ne fait pas partie de l’accord signé le 10 décembre à Mexico par le Mexique, les États-Unis et le Canada pour remplacer l’Accord de libre-échange nord-américain, ou l’ALENA. Il s’agit plutôt d’une « décision politique par le Congrès et le gouvernement des États-Unis. »

Il a ajouté que son pays aurait dû être consulté à ce sujet. « Nous ne sommes évidemment pas d’accord. »

Le Mexique résiste à l’idée d’accueillir des inspecteurs étrangers sur son sol en dehors des principes de souveraineté. L’accord prévoit qu’un comité de trois personnes sera mis en place pour résoudre les plaintes sur le travail et autres domaines. Les États-Unis doivent choisir une personne de ce comité, le Mexique un deuxième tandis que le dernier sera nommé par un pays tiers convenu entre les deux gouvernements.

M. Seade a soutenu que la désignation des attachés américains était « inutile et redondante ». La présence de fonctionnaires étrangers doit être autorisée par le pays hôte.

« Les attachés américains accrédités auprès de leurs ambassade et consulats au Mexique ne peuvent en aucun cas avoir des pouvoirs d’inspection en vertu de la loi mexicaine », a-t-il souligné.

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Des camions à la frontière entre le Mexique et les États-Unis à Ciudad Juarez

M. Seade a envoyé une lettre au représentant américain au commerce, Robert Lighthizer, exprimant « la surprise et l’inquiétude » du Mexique à ce sujet. Il compte se rendre dimanche à Washington dimanche pour transmettre personnellement le message à M. Lighthizer et aux législateurs américains.

« Nous nous réservons le droit de revoir la portée et les effets de ces dispositions, que notre gouvernement et notre peuple verront sans aucun doute comme inutiles, a écrit Seade dans la lettre. De plus, je vous informe que le Mexique évaluera non seulement les mesures proposées dans le [projet de loi]… mais aussi la mise en place de mécanismes réciproques pour défendre les intérêts de notre pays. »