La recherche clinique est une des forces de Montréal, et ce secteur ne devrait pas souffrir du drame qui s'est produit en France lors des essais d'un nouveau médicament qui ont fait un mort.

« Je ne pense pas que le recrutement devienne plus difficile qu'avant », a dit hier Frank Béraud, président de Montréal InVivo, regroupement des entreprises des sciences de la vie actives au Québec.

Montréal InVivo s'est donné pour objectif de faire de la métropole un centre d'expertise mondial en recherche clinique. Plus précisément, elle voudrait voir doubler le nombre de patients engagés dans les tests de nouveaux médicaments d'ici 2020.

« Ce qui s'est passé en France est très, très, très malheureux, et ça peut peut-être faire peur à certaines personnes, a commenté hier M. Béraud. Mais les chances que ça se produise sont infinitésimales. »

Chez Algorithme Pharma, une des principales entreprises actives dans la recherche clinique à Montréal et à Québec, on ne s'attend pas à manquer de candidats.

« Ils poseront peut-être plus de questions, on s'attend à en avoir, mais on est prêts à répondre. Ça fait partie de notre quotidien. » - Marc Lefebvre, vice-président, affaires scientifiques et réglementaires, chez Algorithme Pharma

Fondée à Montréal en 1992, Algorithme Pharma est maintenant la propriété d'Altasciences, une entreprise installée à Fargo, au Dakota-du-Nord. Elle réalise entre 150 et 200 études par année pour le compte de fabricants de médicaments ; pour les mener à bien, elle recrute entre 4000 et 5000 personnes par année au Québec.

Entre 9000 et 12 000 Québécois acceptent chaque année de tester de nouveaux médicaments, en échange d'une rémunération variant entre 700 $ et 4000 $, selon un dossier récent publié dans le magazine Protégez-vous.

En plus d'Algorithme Pharma, des entreprises comme inVentiv Health (anciennement Anapharm) à Québec et Diex Recherches à Sherbrooke recrutent des candidats pour participer à des essais cliniques. Ces deux entreprises n'ont pas voulu faire de commentaires hier sur l'impact que pourrait avoir la tragédie française sur leurs activités.

Un homme est mort et trois autres risquent de garder des dommages neurologiques permanents. Ils faisaient partie d'un groupe de 90 volontaires qui testaient un nouveau médicament antidouleur.

Il est rare que des essais cliniques tournent mal, mais quand ça se produit, les entreprises pharmaceutiques savent généralement ce qui s'est passé et en discutent. « Toutes les compagnies apprennent de ces événements », assure le vice-président d'Algorithme Pharma.

Les essais cliniques sont là pour rester, ajoute Marc Lefebvre, parce qu'il n'y a pas de solutions de rechange. « On veut de nouveaux médicaments, et il n'y a pas d'autres façons de faire. »