L'administration américaine va révéler vendredi les chiffres du chômage pour août aux États-Unis, dernier rapport sur l'emploi publié à peine deux semaines avant une réunion cruciale de la Réserve fédérale.

Les économistes s'attendent à un rythme soutenu de créations d'emplois à 217 000 quasiment comme le mois précédent ce qui pourrait réduire à nouveau le taux de chômage si ces embauches nettes dépassent le nombre de nouveaux entrants sur le marché du travail.

Ainsi le taux de chômage pourrait perdre un dixième de point à 5,2%, prévoient les analystes.

Pourtant, les emplois dans le secteur privé seul, estimés mercredi par la société de services informatiques aux entreprises ADP, ont affiché une performance un peu décevante à 190 000 en août, au lieu des 201 000 attendus par les économistes.

Ceux-ci ne s'alarment toutefois pas de ce résultat un peu en deçà des attentes, les chiffres d'ADP pour le secteur privé s'étant finalement révélés inférieurs à l'estimation du ministère du Travail par quatre fois sur les six derniers mois.

Tous les yeux seront donc braqués sur ce rapport sur l'emploi car c'est un des trois derniers indicateurs majeurs avant la prochaine réunion du Comité monétaire de la Fed (FOMC) les 16 et 17 septembre. Sont également attendus les ventes de détail pour août la semaine prochaine, alors que la consommation est le moteur de l'économie américaine, ainsi que l'indice des prix à la consommation.

La Fed, dont le double mandat vise à promouvoir l'emploi et la stabilité des prix, avait laissé entendre jusqu'à il y a quelques semaines qu'elle s'apprêtait à relever les taux d'intérêt, peut-être dès septembre, pour la première fois en près de 10 ans. Ceux-ci sont maintenus proches de zéro depuis la crise financière il y a sept ans.

Mais, entretemps, l'essoufflement de l'économie chinoise, l'appréciation du dollar conjugué à une inflation toujours atone semblent avoir rendu l'imminence de cette hausse des taux «moins impérieuse», pour reprendre les mots du président de la Fed de New York, William Dudley.

«Les représentants de la Fed sont clairement soucieux à propos du ralentissement économique en Chine», souligne Paul Ashworth, économiste en chef pour les États-Unis chez Capital Economics, qui croit encore que les chances sont à 50/50 pour une hausse des taux dès septembre.

«Les prix des matières premières sont plus bas et il y a peu de signe de croissance des salaires ou d'inflation», ajoute-t-il.

Guetter les hausses de salaires

C'est ce qu'a montré également le Livre beige, ce rapport de conjoncture publié par les banques régionales de la Réserve fédérale.

Paru mercredi pour la période de mi-juillet jusqu'au 24 août, il souligne que si l'expansion continue, l'impact du dollar fort et du ralentissement asiatique commence à se faire sentir sur l'activité manufacturière dans certaines régions du pays.

Le Livre beige signale aussi que les salaires continuent de rester «relativement stables» malgré quelques hausses à New York ou dans des secteurs et régions particulières comme les technologies de l'information à San Francisco.

Cela ne va guère dans le sens d'une accélération de l'inflation, qui serait nourrie par les hausses de salaire, alors que la Fed aimerait voir l'évolution des prix reprendre des couleurs pour vivifier l'économie et lui permettre de normaliser enfin sa politique monétaire.

La Banque centrale a un objectif d'inflation à moyen terme de 2%, qu'elle estime bénéfique pour l'activité, alors que celle-ci stagne à 0,3% sur un an et à 1,2% si on exclut les prix du pétrole et de l'alimentation.

Vendredi, les marchés guetteront ainsi si, dans le rapport du ministère du Travail, il y a une indication de hausse des rémunérations à travers le coût du salaire horaire.

Le vice-président de la banque centrale américaine, Stanley Fischer, a toutefois averti la semaine dernière que la Fed «ne devrait pas attendre que l'inflation remonte à 2% pour commencer à resserrer» le crédit.