Se montrer vert, c'est chic, tendance, de bon ton. Mais est-ce vraiment économique, rentable?

Non, selon le gouvernement canadien, qui laisse les coudées franches à l'exploitation des sables bitumineux, par exemple.

Oui, répondent à l'opposé plusieurs entrepreneurs qui voient des avantages à intégrer la protection de l'environnement à leur modèle d'affaires.

Une telle démarche ne se limite pas à récupérer les matières recyclables rejetées dans le processus de production. Elle suppose l'écoconception des produits. C'est un processus qui inclut une préoccupation environnementale pour tout le cycle de vie d'un produit: l'extraction des matières premières et leur choix, la fabrication, l'entreposage et le transport du produit, son utilisation et sa valorisation une fois terminée sa vie utile.

Desjardins, Études économiques vient de publier une petite recherche sur cette approche, appelée à s'intégrer à la production au fil du temps, au même titre que la qualité totale ou la conception assistée par ordinateur dans les années 80 et que l'internet au tournant du millénaire.

En matière d'écoconception, le Québec ne serait ni chef de file ni en queue de peloton. C'est son secteur manufacturier qui compte le plus de réalisations en la matière. Fait intéressant, l'échantillon international qui sert de base à l'analyse faite par Joëlle Noreau fait ressortir que ce sont les petites et moyennes entreprises qui paraissent les plus engagées dans cette voie.

Contrairement à une idée répandue, l'écoconception ne rognerait pas la rentabilité. Elle est même susceptible de l'augmenter en limitant le gaspillage, par exemple, et pas seulement à l'étape de l'emballage.

Le principal atout de cette démarche reste cependant la notoriété positive que l'entreprise peut en tirer.

D'autres éléments sont aussi non négligeables, comme la fierté accrue des employés associés à la démarche ou l'amélioration de la relation avec les clients, par exemple.

L'acheteur y trouve aussi son compte. En général, l'écoconception suppose qu'on s'est intéressé à la durabilité d'un produit, à la facilité de le réparer plutôt qu'à son obsolescence programmée. Cela en fait un produit plus économique quand on prend en compte sa durée de vie.

Sur le plan environnemental, les avantages de l'écoconception vont de soi: substitution de produits dangereux ou de matières polluantes, économies d'énergie ou d'eau, réduction des émissions de CO2, etc.

L'écoconception n'est toutefois qu'une partie de l'équation pour réaliser un développement durable qui inclut impérativement la gestion des matières recyclables et la diminution des déchets.

C'est dans ce contexte que la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI) a présenté dernièrement un mémoire sur les impacts potentiels d'un bannissement des sacs d'emplettes à usage unique.

Le lobby de la PME s'inquiète des effets d'un bannissement sur les commerces de proximité qui profitent souvent d'achats spontanés, ceux pour lesquels le client n'a pas prévu de se pourvoir d'un sac réutilisable.

Le bannissement est de nature à faire augmenter l'achat de sacs réutilisables. L'organisme rappelle qu'un tel produit a besoin d'être utilisé de 4 à 131 fois, selon la matière dans laquelle il est fabriqué, pour avoir une empreinte environnementale moins grande que le sac à usage unique.

En outre, à l'aide d'un sondage commandé auprès de ses membres pour la confection de son mémoire, la FCEI en arrive à la conclusion que le bannissement pourrait favoriser l'utilisation de la voiture pour magasiner, ce qui n'est guère écologique.

Plutôt que le bannissement, l'organisme propose des avenues persuasives, comme un système de vignettes vertes qui indiqueraient que le commerçant encourage l'emploi des sacs réutilisables, la sensibilisation aux bienfaits des sacs réutilisables, leur distribution par les municipalités à leurs résidants ou la vente par les commerçants des sacs à usage unique.