Après avoir figé durant l'hiver polaire auquel nous avons survécu, l'économie canadienne se réanime ce printemps.

Sa croissance annualisée devrait atteindre 1,8%, 2,8% et 2,5% aux deuxième, troisième et quatrième trimestres, selon le scénario du Rapport sur la politique monétaire (RPM) d'avril de la Banque du Canada.

«La Banque est d'avis que le degré de détente monétaire en place demeure approprié et maintient donc le taux de financement à un jour à 0,75%», annonce-t-elle conséquemment.

Pour l'ensemble de 2015, elle prévoit une croissance réelle de 1,9%, soit deux dixièmes de moins que dans son scénario de janvier. En 2016, le rythme d'expansion attendu se situe à 2,5%, soit un cran de plus qu'en janvier. Sa première estimation pour 2017 est de 2,0%.

La baisse de la projection de croissance cette année se résume à l'hiver pendant lequel elle juge qu'il n'y a eu aucune expansion. La météo exécrable y est pour quelque chose, moins cependant que l'effondrement des prix du pétrole dont les effets néfastes en général pour un pays exportateur comme le Canada ont surtout frappé durant l'hiver. En janvier, les autorités monétaires avaient estimé plutôt qu'ils allaient s'étaler durant toute la première moitié de l'année.

L'effet pétrolier modifie le profil économique à plus d'un titre. La Banque s'attend désormais à ce que les investissements des entreprises soient un frein considérable à la croissance. Cela sera en partie compensé par la contribution accrue du commerce extérieur.

«La valeur plus faible du dollar canadien donnera une impulsion additionnelle aux exportations, mais elle fera augmenter le coût des biens d'équipement importés, ce qui pèsera sur les dépenses d'investissements», résume-t-elle dans le RPM.

En fait, la valeur des investissements dans le secteur pétrolier plongera d'environ 30% tandis que celle hors énergie augmentera de quelque 7% par année.

La croissance des dépenses des ménages ralentira sous l'effet combiné d'un taux d'endettement fort élevé et de la détérioration des termes de l'échange qui diminue leur pouvoir d'achat.

En janvier, le scénario de la Banque reposait sur l'hypothèse d'un dollar canadien s'échangeant à 86 cents américains. Cette fois-ci, c'est plutôt 79 cents d'équivalence. Cela a pour effet de faire grimper les prix des biens importés, qu'ils soient industriels ou de consommation.

Fait singulier, la Banque s'attend à ce que le taux d'inflation global demeure autour de 1% jusqu'à l'automne sous l'effet de la baisse des prix des énergies fossiles, mais retrouve le niveau cible de 2% dès l'hiver prochain.

Entre temps, le taux d'inflation de référence, qui exclut les huit composantes les plus volatiles de l'Indice des prix à la consommation comme les fruits, les légumes ou l'essence, restera à 2% environ d'ici la fin de 2017.

La Banque s'attend toujours à ce que l'économie ait retrouvé son plein potentiel à la fin de l'an prochain. Toutefois, celui-ci est abaissé d'un cran à 1,8%.

En principe, cela devrait coïncider avec un taux directeur neutre, soit entre 3% et 4%. En pratique, la Banque a déjà indiqué qu'il sera sans aucun doute moins élevé, ce qui laisse amplement matière à conjectures.

La prochaine date de fixation du taux directeur sera le 27 mai.

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