Malgré d'excellents rendements boursiers et obligataires, l'état de santé des régimes de retraite à prestations déterminées (PD) s'est détérioré l'an dernier.

Le grand responsable est l'affaiblissement marqué et imprévu des taux d'intérêt obligataires à long terme. Cela a eu pour effet de gonfler la valeur des engagements des régimes envers ses participants actifs et retraités davantage que la croissance de l'actif.

Le degré de solvabilité médian d'un échantillon de 449 régimes PD publics, semi-publics et privés colligé par la firme Aon Hewitt s'établissait à 90,6%, le 31 décembre, soit 2,7 points de moins qu'un an plus tôt. Plus de quatre régimes sur cinq de l'échantillon accusaient un déficit de solvabilité. Il y a un an, plus d'un sur quatre était totalement capitalisé.

Un taux de solvabilité de 91% signifie que la rente promise à un retraité présent ou futur serait ramenée à 91% de sa valeur, en cas de terminaison du régime. Ce, durant toute la vie du participant. Il y a terminaison de régime quand, par exemple, son promoteur déclare faillite.

«La performance des régimes PD en 2014 illustre la rapidité avec laquelle le paysage de la solvabilité peut changer en réponse à la volatilité des marchés financiers, note Claude Lockhead, associé exécutif chez Aon Hewitt. Les régimes qui sont demeurés exposés aux taux d'intérêt ont subi une véritable raclée.»

Il est rarissime d'assister à une telle baisse des taux d'intérêt obligataires, en période d'expansion économique. Bien peu d'observateurs avisés l'ont prévue. Ce sont les détentes monétaires japonaise et européenne qui en seraient la cause.

Le taux des obligations canadiennes échéance 30 ans a diminué de près d'un point de pourcentage durant l'année. «Pour une caisse moyenne, le passif de solvabilité a augmenté d'environ 18% en 2014 alors que les actifs ont progressé en moyenne de 11%», calcule Jean Bergeron, associé chez Morneau Shepell.

Si, au net, la détérioration est moins élevée, c'est que les promoteurs ont continué leurs cotisations d'équilibre pour rétablir la pleine solvabilité de leurs régimes.

La détérioration de la solvabilité signifie que les cotisations d'équilibre des promoteurs de régime vont encore augmenter quand l'évaluation actuarielle des régimes sera soumise à la Régie des rentes. Cet exercice doit désormais être fait tous les ans pour tous les régimes supervisés par la Régie des rentes.

«Il est également à prévoir que les états financiers feront état d'une hausse notable des passifs de retraite de fin d'exercice pour 2014 et des charges de retraite pour 2015», prévient Benoît Hudon, responsable du domaine Retraite de Mercer pour l'Est du Canada.

Les rendements ont été pourtant fort respectables, l'an dernier. Sur une base indicielle, qui ne tient compte ni de l'apport des gestionnaires ni des frais de gestion, une caisse de retraite investie à 60% en actions et 40% en revenus fixes a obtenu un rendement médian de 10,9%. Celle investie 40% en actions et 60% en revenus fixes a dégagé une plus-value de 10,1%, selon les calculs de la firme Morneau Shepell.

La dépréciation de 8,5% du dollar canadien par rapport au billet vert a gonflé les rendements des actifs libellés en dollars américains, ce qui a donné un bon coup de pouce.

La détérioration de la solvabilité survient à un bien mauvais moment. L'Institut canadien des actuaires est sur le point d'adopter une nouvelle table de mortalité pour tenir compte de l'espérance de vie accrue. Il en résultera un gonflement moyen de quatre points de pourcentage environ de la valeur du passif. Ce pourrait être davantage pour les régimes dont la proportion de participants actifs est plus élevée que celle de retraités.