L'industrie aéronautique canadienne entend participer avec enthousiasme à un nouveau programme fédéral qui lui permettra de traverser la «vallée de la mort».

Cette expression imagée désigne les étapes intermédiaires de la validation d'une nouvelle technologie.

«Les entreprises canadiennes parviennent difficilement à franchir l'écart entre l'idée et le produit commercialisable, a déclaré le ministre fédéral de l'Industrie, James Moore, au cours d'une conférence de presse organisée à l'École nationale d'aérotechnique (ENA) hier. Les idées peuvent être abandonnées parce que l'entreprise manque de capital.»

L'ancien ministre conservateur David Emerson avait recommandé un tel programme de démonstration de technologies dans un rapport sur l'industrie de l'aérospatiale remis au gouvernement du Canada à la fin de novembre 2012.

Le ministre des Finances Jim Flaherty a accepté cette recommandation dans son discours sur le budget, en mars dernier.

M. Moore, qui a obtenu le portefeuille de l'Industrie à la faveur du remaniement ministériel du 15 juillet dernier, a fait connaître les modalités de ce nouveau programme hier.

Le gouvernement fédéral s'engage à payer 50% des coûts d'un projet, qui pourrait se dérouler sur plusieurs années. Ottawa entend financer un à trois projets par année, pour un maximum de 54 millions de dollars annuellement.Les projets devront être présentés par un grand fabricant, comme Bombardier, Bell Helicopter, Pratt&Whitney Canada ou CAE, ou par un grand intégrateur.

Chaque projet devra impliquer le grand fabricant ainsi qu'au moins une PME et un établissement académique (une université, un collège ou un institut de recherche affilié).

Le processus est déjà enclenché pour la première fournée: les entreprises devront présenter une déclaration d'intérêt le 6 décembre au plus tard, et une proposition de projet au plus tard le 14 avril 2014.

Le ministre Moore a indiqué hier que le gouvernement fédéral continuait d'étudier les autres recommandations du rapport Emerson.

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CE QU'ILS ONT DIT

BOMBARDIER:

La vice-présidente aux affaires publiques et aux communications de Bombardier Aéronautique, Hélène Gagnon, a indiqué que son entreprise s'empressera d'étudier les projets qu'elle pourrait présenter. «C'est ce que nous allons faire dès aujourd'hui », a-t-elle lancé. Elle a souligné que Bombardier était la plus grande entreprise aéronautique du pays : il serait donc approprié qu'elle participe au programme.

BELL HELICOPTER TEXTRON CANADA:

L'entreprise de Mirabel a déjà trois ou quatre idées de projets en tête, il s'agira de faire un choix. «Nous allons en discuter à l'interne avec les gens de l'ingénierie », a indiqué le président de Bell Helicopter Textron Canada, Barry Kohler. M. Kohler s'est réjoui de l'annonce du ministre Moore et de cette initiative « claire et directe» qui a suivi de peu le remaniement ministériel de juillet dernier.

MARINVENT:

Le président de Marinvent, John Maris, a insisté sur l'importance du nouveau programme pour une PME comme la sienne, spécialisée dans la recherche et le développement, la conception de logiciels et les services d'essais. «Pour nous, les partenariats sont essentiels », a-t-il déclaré. Il a indiqué que les entreprises comme la sienne étaient déjà en train d'établir des contacts avec les grandes entreprises et d'identifier les projets qui pourraient les intéresser.