Facile de faire de l'argent en créant des monstres et des tempêtes pour Hollywood? Détrompez-vous.

Primo, les marges de profit sont souvent minces. «Parfois, nous avons l'impression que les studios jouent aux Hunger Games avec nous tellement ils nous mettent en concurrence», dit Louis-Simon Ménard, vice-président de Digital Dimension. Et dernièrement, une nouvelle tendance inquiète : les boîtes d'effets spéciaux doivent investir leurs honoraires dans le film en échange d'une partie des revenus. «Trois de nos dix dernières propositions étaient sur cette base et nous avons dit non à chaque fois, dit Pierre Raymond, président d'Hybride. C'est comme si les studios disaient : si on ne peut plus les mettre en faillite en ne les payant pas assez, on va essayer de faire faire le travail de cette façon-là. Je trouve ça cheap.»

Il y a aussi l'incertitude de trouver de nouveaux contrats tous les trois mois. «On ne sait jamais ce qu'on va faire dans six mois», dit Danny Bergeron, président de Mokko.

Par surcroît, les délais de postproduction sont de plus en plus courts. Selon Jacques Lévesque, directeur des effets visuels chez Vision Globale, ce serait l'effet Spielberg. «La postproduction sur son film La Guerre des mondes (sorti en 2005) a duré seulement trois mois, mais c'était des circonstances exceptionnelles, car Steven Spielberg connaît bien les effets visuels, dit-il. Les studios veulent maintenant que ça aille aussi vite, mais ils n'ont pas tenu compte du fait que Steven Spielberg est un maître des effets et qu'il avait une vision très claire du résultat voulu.»