Soyons honnêtes: le Québec a déjà perdu plusieurs courses dans l'industrie des technologies propres et il ne deviendra jamais un leader mondial des panneaux solaires photovoltaïques, par exemple. Mais il y a tout de même quelques créneaux où il présente des atouts et qui mériteraient d'être mieux exploités.

Parmi ceux-ci figurent l'efficacité énergétique, la gestion des matières résiduelles, la biomasse et l'hydroélectricité.

C'est ce que conclut une étude de la firme Deloitte commandée par Écotech Québec, grappe des technologies propres de la province.

«L'idée est de dire: évitons le saupoudrage et concentrons nos efforts là où il y a des occasions de marché... et là où le Québec a des avantages concurrentiels», dit Denis Leclerc, président d'Écotech Québec.

M. Leclerc dit avoir lancé l'initiative en s'inspirant du programme «À nous le podium», qui vise à maximiser le nombre de médailles olympiques du Canada en identifiant les disciplines où le pays a le plus de chances de gagner.

L'étude commence par un dur constat: dans la plupart des secteurs des technologies propres, le Québec est largement en retard par rapport aux leaders mondiaux.

«On est rarement dans le peloton de tête», convient Denis Leclerc.

Des exceptions existent. En efficacité énergétique, gestion des déchets, biomasse et hydroélectricité, le Québec se positionne bien à l'échelle internationale.

Selon Écotech Québec, c'est d'abord là que le Québec devrait mettre ses efforts.

En biomasse, par exemple, la forte présence de l'industrie forestière joue pour la province. Les résidus de la récolte du bois sont de plus en plus utilisés pour produire de l'énergie.

L'avance des acteurs québécois dans la production de biocarburants de première et deuxième générations et les recherches menées ici pour utiliser les algues comme carburant «devraient également permettre au Québec de tirer son épingle du jeu en biomasse», selon l'étude de Deloitte.

Selon Denis Leclerc, il est intéressant de voir que, malgré un coût de l'électricité très bas, le Québec a développé une expertise en efficacité énergétique, un marché mondial de 300 milliards en 2010 appelé à croître fortement.

Même chose en gestion des matières résiduelles; les grands espaces québécois auraient pu freiner la progression de cette filière.

«Au cours des 20 dernières années, on a réussi à développer des forces dans ces créneaux alors qu'on n'avait pas vraiment d'avantages naturels là-dedans. Alors, je me dis que si on réunit tous les acteurs autour des secteurs où on a vraiment des atouts, on peut atteindre des résultats encore plus spectaculaires», dit Denis Leclerc.

Six créneaux industriels

Le Québec fait généralement moins bien dans les autres secteurs des technologies propres comme l'énergie solaire, la chimie verte ou la géothermie.

Mais Deloitte est allé gratter plus loin pour voir si, sous cette sous-performance, se cachent des créneaux plus pointus où le Québec pourrait se tailler une place sur les marchés mondiaux.

La firme a cherché des domaines où le Québec a certains atouts et qui correspondent à des marchés en croissance.

Les barrières à l'entrée, le potentiel de création d'emplois et la concurrence internationale ont aussi été analysés.

Au bout du compte, six créneaux industriels ressortent du lot: le traitement des eaux, les batteries et bornes de recharge pour les véhicules électriques, le traitement biologique des sols, les biomatériaux et bioprocédés, l'énergie éolienne en contexte nordique et la transformation de l'énergie solaire en chaleur.

Plan d'action

«Est-ce qu'on va devenir des champions dans tout ça? Probablement pas.

Ce qu'on dit, c'est qu'on a du potentiel de développement dans tous ces secteurs, et que c'est là qu'il faut regarder», dit Denis Leclerc.

Prochaine étape pour Écotech Québec: établir un plan d'action pour soutenir les secteurs définis comme prometteurs par l'étude.