«Est-ce que c'est rendu qu'on doit magasiner nos médicaments? Oui!» dit Johanne Brosseau, de Aon Conseils. Cela ne veut pas dire de choisir sa pharmacie en fonction du prix. Il faut d'abord tenir compte des services offerts et de la bonne relation avec le professionnel.

Faites ensuite évaluer le coût de votre panier de médicaments, par quelques pharmacies. Choisissez celle qui est la plus avantageuse, pour l'ensemble du panier.

Certaines pharmacies ont des politiques de prix choc sur quelques médicaments d'ordonnance. Mais ils se rattrapent sur d'autres médicaments, dit Pauline Ruel, conseillère pharmacologique indépendante auprès de sociétés d'assurance.

«Mais la dernière chose qu'on veut, c'est qu'un client achète cinq médicaments, dans cinq pharmacies différentes», dit Mme Brosseau. Le pharmacien doit pouvoir suivre l'ensemble de votre dossier.

Favorisez les génériques

Le régime public force les assurés à migrer vers la version générique, moins coûteuse, lorsqu'un médicament d'origine est sur le marché depuis plus de 15 ans. Les assurés qui continuent d'acheter la version originale, sont remboursés en fonction du prix du générique.

Prenez un client qui souffre de dépression. Il entre en pharmacie et réclame le Prozac qui coûte 1,64$ par capsule, alors que la version générique coûte 1,01$. Il devra payer l'excédent de 63 cents de sa poche, en plus de sa franchise et de sa co-assurance, explique la pharmacienne Janine Matte.

Les assureurs privés, eux, ne peuvent pas forcer l'usage du générique. Mais rien n'empêche les assurés d'opter pour le médicament moins coûteux.

Malgré tout, la substitution générique ne permet pas des économies énormes, car beaucoup de médicaments n'ont pas de version générique, souligne Gilles Dufresne, conseiller chez Mercer.

La substitution générique à l'intérieur de la même classe thérapeutique offrirait des économies bien plus grandes.

«Par exemple, le Zocor est un médicament équivalent au Lipitor, le médicament le plus acheté en ce moment par les Québécois, dit-il. Ces médicaments aident à combattre le cholestérol. Lipitor n'a aucun générique, mais Zocor en a un: Simvastatin.»

Mais présentement, le pharmacien ne peut substituer un médicament à l'intérieur d'une même classe thérapeutique, sans l'aval du médecin. C'est donc dans le cabinet du docteur que le patient doit poser la question...

Demandez au médecin de considérer les coûts

Le patient peut demander au médecin de tenir compte des coûts, aussi pour éviter les «glissements thérapeutiques». Cela se produit quand les médecins prescrivent un nouveau médicament breveté, au lieu de migrer vers la version générique, moins coûteuse, d'un ancien médicament qui a fait ses preuves.

«Le recours accru au produit le plus récent et le plus coûteux, est une tendance observée et une cause importante de l'augmentation des coûts», peut-on lire dans le Plan stratégique 2007-2010 du Conseil du médicament.

Achetez pour plus longtemps

La directive de l'Ordre des pharmaciens du Québec veut qu'un pharmacien dispense un médicament pour 30 jours. Mais il peut le faire pour plus longtemps, si la prescription le permet, dit Mme Brosseau.

En renouvelant pour 90 jours, le pharmacien percevra une seule fois l'honoraire au lieu de trois. Mais il est préférable de ne pas dépasser une période de trois mois, question d'éviter le gaspillage si la médication devait changer.

Consommez mieux

«Les gens devraient être des consommateurs plus avertis. Ils ne réalisent pas le coût des médicaments qu'ils utilisent», dit Mme Matte.

«C'est plus facile de prendre une pilule que de modifier son comportement», enchaîne Mme Ruel. Plus simple de prendre un médicament que d'arrêter de manger de la poutine, que de faire plus de sport...

En plus, «il y a un manque de conscientisation quant à la bonne utilisation des médicaments», poursuit Mme Matte. Elle voit souvent des patients qui prennent leur médicament une fois sur deux, ou qui arrêtent le traitement quand ils se sentent mieux.

Il ne ressentira pas les effets secondaires de sa mauvaise utilisation. Ce n'est peut-être que des années plus tard qu'un problème grave surviendra.