La croissance économique des États-Unis au premier trimestre a été revue en baisse vendredi, révélant une activité peu dynamique à la veille d'un sommet du G20 devant s'attarder sur les moyens de soutenir la reprise mondiale.

Le produit intérieur brut (PIB) américain a progressé de 2,7% (en rythme annuel) par rapport au trimestre précédent, a indiqué le département du Commerce à Washington, revoyant ainsi en baisse son estimation de 3,0% donnée fin mai, alors que les analystes s'attendaient à une confirmation de ce chiffre.

Selon le Ministère, la nouvelle estimation reflète «une révision à la hausse des importations et une révision à la baisse des dépenses de consommation», éléments négatifs n'ayant été compensés qu'en partie par «une révision à la hausse des exportations et des variations de stocks des entreprises».

L'hiver a marqué le troisième trimestre de croissance d'affilée pour les États-Unis, sortis pendant l'été de la récession la plus longue qu'ils aient connue depuis la seconde guerre mondiale.

Mais les nouveaux chiffres montrent une croissance très contenue. À 2,7%, elle est juste conforme au potentiel de l'économie tel que l'estime la banque centrale (Fed), et donc largement insuffisante pour faire baisser sensiblement le taux de chômage, qui atteignait 9,7% fin mai.

Les économistes estiment en effet que lorsque l'économie croît conformément à son potentiel, elle est capable de créer un nombre d'emplois correspondant à l'accroissement naturel de la population active, mais pas plus.

Les États-Unis ayant perdu 8,5 millions d'emplois en 2008 et 2009, il faudrait une croissance bien plus rapide pour espérer voir le marché de l'emploi se redresser fortement.

Au lieu de cela, le rapport officiel sur l'emploi devant être publié le 2 juillet pourrait faire apparaître que juin a été marqué par des destructions nettes d'emplois, après cinq mois d'amélioration du marché du travail.

En décidant mercredi de maintenir encore aussi longtemps que possible son taux directeur à quasi zéro pour stimuler au maximum l'économie, la Fed a déjà prévenu que la conjoncture était «devenue moins favorable à la croissance», du fait des difficultés de l'Europe.

La révision des chiffres du PIB ne bouleverse donc pas les perspectives de l'économie américaine.

«Cela ne modifie pas notre opinion sur la stabilité de la reprise», estime Jeffrey Rosen, économiste du cabinet de recherche Briefing, pour qui la probabilité d'une rechute «reste éloignée».

Le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner a déclaré une nouvelle fois jeudi que l'économie mondiale ne pourrait «pas dépendre des États-Unis autant que dans le passé».

À la veille d'un sommet du G20 prévu à Toronto, le président américain Barack Obama a appelé quant à lui les membres de ce forum de pays riches et émergents à agir ensemble pour éviter une nouvelle crise économique.

Les chiffres du ministère comportent néanmoins quelques signes encourageants, comme la forte progression de l'investissement des entreprises dans leur outil de production, qui semble s'être poursuivie au deuxième trimestre.

Peter Newland, de Barclays Capital, relève également la révision en hausse de la progression du revenu disponible des ménages, susceptible de soutenir la consommation, moteur de l'économie qui a assuré plus des trois quarts de la croissance du premier trimestre.