Le président de la banque centrale américaine, Ben Bernanke, s'est montré plutôt optimiste pour l'économie de son pays mercredi, malgré les difficultés de l'Europe et les derniers chiffres, décevants, de l'emploi aux États-Unis.

M. Bernanke a estimé devant la Commission budgétaire de la Chambre des représentants que l'économie devrait croître à un rythme rapide en 2010 et s'accélérer légèrement en 2011. Malgré cela, a-t-il rappelé, la décrue du chômage devrait être très lente.

«La croissance du PIB sera aux alentours de 3,5% sur 2010 dans son ensemble et son rythme sera un peu plus rapide l'année prochaine», où il pourrait atteindre 4%, a déclaré le chef de la Réserve fédérale (Fed).

Cette estimation ne constitue pas une révision en hausse de la croissance. M. Bernanke a indiqué que ce chiffre correspondait à une traduction sur l'année de la dernière fourchette de prévision de la Fed (remontant à avril) qui était d'une croissance comprise entre 3,2% et 3,7% en glissement annuel pour le dernier trimestre de l'année.

Les chiffres mentionnés par M. Bernanke sont forts dans la mesure où la Fed estime que le potentiel de croissance de l'économie américaine se situe entre 2,5 et 2,8% par an.

Ils sont en revanche bien inférieurs aux taux de croissance relevés au sortir de la récession de 1981-1982, la dernière grande crise qu'aient connue les États-Unis avant celle de 2007: 4,5% en 1983 et 7,2% en 1984.

S'il a rappelé les «entraves importantes» auxquelles l'économie américaine doit faire face, M. Bernanke a répété que le risque de nouvelle récession lui semblait écarté, et a insisté sur le fait que le secteur privé était à ses yeux en train de «prendre le relais» des autorités pour «tirer l'économie.

Pour Peter Newland, économiste de la banque Barclays Capital, M. Bernanke «s'en est tenu au ton d'optimisme teinté de prudence de ses derniers discours» et des dernières annonces de la Fed.

Les propos du chef de la Fed sont de nature à rassurer sur l'état de la reprise entamée à l'été, après les craintes suscitées vendredi par la publication du rapport officiel mensuel sur l'emploi.

Ce document a montré que l'économie américaine avait continué de créer plus d'emplois qu'elle n'en avait détruit en mai, pour le cinquième mois d'affilée, mais a témoigné d'un ralentissement très net des embauches dans le secteur privé.

Apportant des arguments aux économistes pensant qu'il ne s'agit sans doute que d'un accident, M. Bernanke a estimé que les perspectives étaient aussi bonnes que possibles pour les entreprises, dont «la situation comptable saine» plaide selon lui pour une poursuite de la hausse de leurs investissements, ce qui devrait contribuer à la croissance.

Alors que le taux de chômage atteint 9,7%, le chef de la Fed estime cependant que les entreprises restent prudentes en matière d'embauche et qu'«il faudra un temps considérable pour retrouver les quelque 8,5 millions d'emplois qui ont été perdus en 2008 et 2009».

M. Bernanke a laissé entendre qu'il n'était pas trop inquiet des effets éventuels de la crise de la dette en Europe sur l'économie américaine.

«Je suis rassuré par la réponse des Européens» face aux difficultés budgétaires dans la zone euro, a-t-il dit.

«Si les marchés continuent de se stabiliser, il semble que les effets de la crise de la dette en Europe sur la croissance aux États-Unis seront probablement limités», a-t-il ajouté, indiquant néanmoins que la Fed resterait «extrêmement attentive à l'évolution de la situation à l'étranger».