L'évolution des prix à la consommation emprunte des voies divergentes. Ils grimpent dans l'ensemble partout au pays. Ils se replient, si on exclut leurs éléments les plus volatils comme l'énergie ou les aliments.

En parallèle, la hausse des prix des services décélère depuis un an, mais pas depuis trois mois, alors que celle des biens s'accélère, propulsée par la cherté retrouvée de l'essence.

Le mois dernier, l'Indice des prix à la consommation (IPC) a bondi de 0,5% pour porter le taux annuel d'inflation à 1,0%, annonçait hier Statistique Canada. En octobre, le taux d'inflation était à peine de 0,1%. Il avait été en territoire négatif durant l'été.

Toutes les provinces ont connu une poussée du taux d'inflation. Au Québec, le rythme du coût de la vie est passé de 0,5% en octobre à 1,7% le mois dernier.

Les prix de l'essence ont fait une volte-face en l'espace d'un seul mois. En octobre, ils étaient à la baisse de 13,1% en rythme annuel. En novembre, ils progressaient plutôt de 14,1% par rapport à novembre 2008.

Cela reflète bien l'effondrement des cours du pétrole, puis leur remontée progressive. En juillet 2008, le baril flambait à plus de 140$US. Début 2009, il dépassait à peine les 30$US. Ces jours-ci, il se négocie au-dessus des 70$US.

«Il faut s'attendre à ce que les effets de base qui sont principalement à l'origine de cette remontée se poursuivent au cours des prochains mois, prévient Benoit P. Durocher, économiste senior chez Desjardins. Dans ces conditions, la variation annuelle de l'IPC total pourrait non seulement rejoindre la cible médiane de 2% mais évoluer momentanément dans la zone supérieure de la fourchette» de 1% à 3% visée par la Banque du Canada.

Outre l'énergie, toutes les autres catégories ont connu des hausses de prix, à l'exception du logement où la déflation persiste.

Fait à signaler, le taux annuel d'inflation des biens est repassé en territoire positif, alors que celui des services est passé de 1,8% à 1,5%, d'octobre à novembre. «Cela reflète bien les difficultés persistantes de l'économie, estime Ian Pollock, stratège chez Valeurs mobilières TD. Les consommateurs dépensent moins en services discrétionnaires qui ne leur sont pas nécessaires.»

Cette tendance devrait persister au cours des prochains mois en raison des effets retardés de la récession, pensent plusieurs économistes, mais pas tous.

«La tendance de l'inflation dans les services est plus forte qu'il n'y paraît à première vue, observent Yanick Desnoyers et Marco Lettieri, de la Financière Banque Nationale. Hormis le logement où les coûts hypothécaires exercent une baisse sur l'inflation du fait des faibles taux d'intérêt de la Banque du Canada, les prix dans les services affichent une hausse de 2,6%.»

L'inflation de base (IPCX), que scrute de près la Banque du Canada pour établir sa politique monétaire, est passée de 1,8% à 1,5% d'octobre à novembre. L'IPCX est une mesure de l'inflation qui exclut huit composantes jugées les plus volatiles, comme l'essence ou les fruits et légumes frais ou transformés. L'évolution de l'IPCX permet de mieux lire les tendances de fond du coût de la vie.

Dans son scénario d'octobre, la Banque misait sur un taux moyen de 1,4% de l'IPCX pour le quatrième trimestre.

«Le rapprochement de l'inflation de base près des attentes de la Banque du Canada, jumelé aux commentaires du gouverneur Mark Carney voulant que la dette des ménages et le marché de l'habitation ont de quoi inquiéter mais demeurent encore un faible risque à ce stade-ci, signalent que les autorités monétaires sont sérieuses en s'en tenant à leur engagement à ne pas hausser les taux avant la fin du printemps 2010», déduisaient Derek Holt et Karen Cordes, économistes chez Scotia Capitaux, dans une lettre à leurs clients pour les conseiller sur les placements obligataires.

LE TAUX D'INFLATION S'ACCÉLÈRE (%)

OCTOBRE /NOVEMBRE

Canada 0,1 /1

Terre-Neuve et Labrador -0,4 /1,1

Île-du-Prince-Édouard -0,8 /1,9

Nouvelle-Écosse -0,4/ 1,7

Nouveau-Brunswick 0,5 /2,2

Québec 0,5/ 1,7

Ontario 0,2/1

Manitoba 0,1 /0,8

Saskatchewan 0,3 /0,8

Alberta 0,1/ 0,8

Colombie-Britannique -0,6/ 0,1

Source: Statistique Canada