Le Québec vit largement au-dessus de ses moyens et devra faire des choix difficiles à très court terme, puisque le choc démographique qui semblait si lointain est désormais à nos portes.

C'est le constat alarmant qu'a dressé, lundi, une équipe d'économistes reconnus, réunis par le ministre des Finances Raymond Bachand, en vue de la préparation de son budget 2010-2011.

Dans le premier de trois fascicules, le Comité consultatif sur l'économie et les finances publiques constate que le Québec finance 26% de plus de services que l'Ontario alors que son produit intérieur brut (PIB) est de 14% inférieur.

Selon les calculs du comité, si le Québec offrait les mêmes services que l'Ontario, il dépenserait près de 18 milliards $ de moins que la province voisine.

En conséquence, les Québécois paient plus d'impôts et de taxes tout en étant davantage endettés, un modèle que le Québec ne pourra maintenir sans revoir ses dépenses, sa fiscalité et ses services.

«Notre situation financière est inquiétante, a dit l'économiste Robert Gagné, qui préside le comité. Les défis auxquels le Québec devra faire face sont réels, immédiats et majeurs. Il est nécessaire de faire des choix et d'agir. Nous ne devons pas nous placer dans une situation où les contraintes nous imposeront la voie à suivre.»

Les économistes font valoir que le choc démographique n'est plus une menace lointaine mais bien immédiate: à compter de 2013-2014, la population active diminuera lorsque les départs massifs à la retraite des baby-boomers ne seront plus compensés par un nombre suffisant de jeunes faisant leur entrée sur le marché du travail.

Le comité, dont font aussi partie Pierre Fortin, Luc Godbout et Claude Montmarquette, doit publier deux autres fascicules, le dernier devant offrir des propositions pour replacer les finances publiques sur une voie plus soutenable.

Les membres du comité signalent que le déficit auquel fera face le Québec n'est pas conjoncturel mais bien structurel. Ils soutiennent que la dette de quelque 150 milliards $ que traînera bientôt le Québec exposera les finances publiques à un choc sévère advenant une montée des taux d'intérêt, qui sont inhabituellement faibles ces temps-ci.

«Le sentiment d'urgence est plus aigu parce que le trou budgétaire dont est victime le Québec présentement n'est pas dû principalement à la récession», a dit M. Fortin.

«C'est structurel. C'est-à-dire que même quand on va être sorti de la récession, il va rester ce trou-là», a-t-il ajouté.