Nouriel Roubini, ce professeur de l'Université de New York qui avait prédit la crise financière, soutient que les risques d'une récession à double creux augmentent en raison des répercussions de la fin des stimulants monétaires et fiscaux à l'échelle mondiale.

L'économie mondiale atteindra son plus bas niveau dans la deuxième moitié de la présente année, écrivait M. Roubini hier dans un commentaire publié dans le Financial Times. La récession aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans certains pays européens ne sera pas «formellement finie» avant la fin de l'année, alors que la reprise a commencé dans des nations telles que la Chine, la France, l'Allemagne, l'Australie et le Japon, ajoutait-il.

Les gouvernements dans le monde ont promis environ 2000 milliards US en stimulants tandis que sévit la pire récession mondiale depuis les années 30. Ben S. Bernanke, président de la Réserve fédérale américaine (FED), et d'autres décideurs dans le monde ont averti que la reprise sera vraisemblablement modeste tout en ajoutant qu'ils n'ôteront pas tous les stimulants injectés dans le système financier.

«Il y a des risques associés aux stratégies de sortie d'assouplissement fiscal et monétaire massif, a écrit M. Roubini. Quoi que les décideurs fassent, ils sont toujours blâmés.»

Les responsables gouvernementaux et des banques centrales sont susceptibles de nuire à la reprise et de refaire plonger leur économie dans la «stagdéflation» s'ils haussent les impôts, réduisent les dépenses et éliminent les liquidités excédentaires dans leurs systèmes pour réduire les déficits fiscaux, a estimé M. Roubini. Il définit la «stagdéflation» comme étant une récession et une déflation.

Ceux qui maintiennent de gros déficits budgétaires seront punis par les «justiciers» du marché obligataire tandis que les prévisions inflationnistes et les taux de rendement des obligations gouvernementales de long terme croissent et que les coûts d'emprunt grimpent brutalement, a écrit M. Roubini. Cela mènera à la stagflation, selon lui.

Des responsables de la Banque centrale européenne (BCE), avec à leur tête le président Jean-Claude Trichet, ont laissé entendre qu'ils ne se presseront pas de mettre fin à leurs mesures de stimulants d'urgence tandis qu'il y a de plus en plus de signes de reprise économique. La BCE a réduit son taux directeur à 1%, un niveau plancher record, et elle achète des obligations tout en inondant les banques d'argent.

«Nous percevons certains signes confirmant que l'économie réelle commence à sortir de la période de chute libre», soulignait M. Trichet lors d'un symposium à Jackson Hole, au Wyoming, le 22 août dernier. «Mais, ajoutait-il, cela ne veut pas du tout dire que l'avenir s'annonce sans nuages.»