Maintenant qu'elle est bien implantée au Canada, l'Industrielle Alliance (T.IAG) lorgne du côté des États-Unis.

Maintenant qu'elle est bien implantée au Canada, l'Industrielle Alliance [[|ticker sym='T.IAG'|]] lorgne du côté des États-Unis.

«Nous allons y créer notre propre compagnie d'assurance», affirme son président Yvon Charest, en entrevue à La Presse Affaires. L'assureur québécois réalise 2% de son chiffre d'affaires chez l'Oncle Sam. Mais il veut beaucoup plus.

Pour y arriver, il vient tout juste d'ouvrir un bureau à Phoenix, en Arizona. Cette nouvelle équipe compte une quinzaine de personnes, incluant la direction générale.

Prochaine étape: créer une entité juridique américaine.

«On veut se positionner le plus possible comme un acteur local», souligne le dirigeant.

Les démarches sont déjà amorcées. La filiale s'appellera probablement IA America.

Au Canada anglais, l'Industrielle Alliance utilise l'acronyme IA pour ses filiales. C'est notamment le cas pour IA Clarington et IA Pacific.

Pour l'instant, la société vend aux Américains un produit de régime de retraite. À lui seul il représente quelque 240 millions US d'actifs.

Elle offre aussi des produits d'assurance, dont les revenus primes s'élèvent à environ 16 millions US.

«C'est un marché énorme et on le regarde sérieusement depuis deux ans, dit M. Charest. Aujourd'hui, on se dit que notre succès au Canada va suffisamment bien: c'est le temps de regarder le potentiel à long terme aux États-Unis».

Cette année, la compagnie est en période de tests avec ses produits.

Elle veut aussi voir les résultats qu'obtiendront les réseaux de distribution avec qui elle a signé des ententes.

Dans un deuxième temps, si tout va bien, l'Industrielle veut faire des acquisitions américaines.

«On veut avoir une bonne connaissance du marché, dit le président. Quand on commencera à faire des achats, ce sera des acquisitions sur lesquelles on a une bonne maîtrise des opérations.»

La stratégie américaine est un des volets de l'expansion hors Québec de l'Industrielle Alliance.

L'an dernier, 57% de ses revenus provenaient de l'extérieur de la province.

Ce pourcentage devrait passer à 65% dans cinq ans, prévoit son président. Pour cela, l'assureur a l'intention de poursuivre sa croissance au Canada en développant ses réseaux de distribution et en réalisant des acquisitions.

«On a les moyens de faire des achats, rappelle Yvon Charest. On a 170 millions en capital excédentaire.»

Levier financier

De plus, ajoute-t-il, la compagnie dispose d'un levier financier. Elle a notamment la capacité de faire des émissions de débentures subordonnées.

Les secteurs ciblés sont, notamment, l'assurance invalidité, les fonds communs et les courtiers en valeurs mobilières.

«On regarde à la grandeur du Canada mais il semble y avoir plus d'occasions à l'extérieur du Québec», constate le dirigeant.

En décembre dernier, la compagnie a quand même fait l'acquisition de la montréalaise l'Excellence.

Spécialisée en assurance invalidité et en maladie individuelle, elle engrange des primes de 81 millions.

Pour l'instant, elle couvre le territoire québécois. L'Industrielle a toutefois l'ambition de voir son potentiel se développer à travers le pays.

«On fera la promotion de ses produits dans nos réseaux de distribution et on pourrait faire des achats dans le reste du Canada.» Côté acquisitions, l'assureur a aussi «plusieurs lignes à l'eau» dans le secteur de la gestion du patrimoine.

Intérêt pour les fonds communs

«On est beaucoup intéressés par les fonds communs, dit Yvon Charest. On veut acheter la distribution, des listes de clients et signer des ententes stratégiques avec d'autres institutions pour vendre nos fonds.» L'Industrielle regarde aussi des courtiers en valeurs mobilières.

«Il y a encore des firmes intéressantes à acheter au Canada, précise le président. Elles sont de taille modeste. Et elles sont détenues par des particuliers qui veulent transformer en liquidité la richesse qu'ils ont créée.»

L'ENTREPRISE

Fondée en 1892, l'Industrielle Alliance est une société d'assurance de personnes. Elle offre des produits d'assurance vie et maladie, d'épargne et de retraite, de REER, de fonds communs et de fonds distincts, de valeurs mobilières, d'assurance auto et habitation, de prêts hypothécaires, etc.

Elle emploie plus de 2900 personnes et administre et gère un actif de plus de 50 milliards de dollars. Elle est inscrite à la Bourse de Toronto (IAG).

DÉFIS

Faire passer les revenus hors Québec à 65% d'ici cinq ans.

STRATÉGIES

Progresser sur le marché américain, développer les réseaux de distribution et faire des acquisitions au Canada.

L'Industrielle Alliance:

À retenir> Stratégie de croissance: «Une partie de notre croissance s'explique par la diversification dans les fonds communs et les valeurs mobilières. Il y a cinq ans le secteur de la gestion du patrimoine générait 16% des profits. En 2007, c'était rendu à 29%. On a investi 400 millions au cours des cinq dernières années pour faire 12 acquisitions.»

> Profits à venir: «Au cours des quatre dernières années, la croissance des profits nets excluant les éléments extraordinaires a été de 14 à 17%. Cette année on est plus modeste. On a dit au marché qu'on visait entre 10 et 13%. Les marchés boursiers sont un peu plus difficiles. Ça va limiter notre croissance dans la gestion du patrimoine.»

> Achat de l'Excellence: «Elle opère dans un marché spécialisé. Il y a peu d'assureurs dans ce créneau. Mais avec le vieillissement de la population et avec la préoccupation des gens, qui se demandent si le système public sera assez robuste dans les prochaines années, on s'attend à un intérêt accru des consommateurs pour les produits de soins de santé. On est heureux de cette acquisition parce qu'on pense qu'à long terme il y a un potentiel intéressant.»

> Acquisitions: «C'est rare qu'on se met des limites sur les acquisitions. On sait que ça prend beaucoup de temps avant qu'on s'entende. C'est pourquoi on est mieux d'avoir plusieurs chantiers ouverts en même temps que d'essayer de frapper le coup de circuit. On aime travailler pour faire plein de simples et de doubles car on sait que, de façon régulière, des projets viendront à échéance. Les États-Unis, c'est un marché énorme et on le regarde sérieusement depuis deux ans. Aujourd'hui, on se dit que c'est le temps de regarder le potentiel à long terme.»