Les mesures contenues dans le dernier budget du Québec pour aider le secteur forestier à traverser la crise actuelle n'aideront finalement pas grand-monde parce que les entreprises, trop mal en point, ne peuvent même pas se qualifier pour obtenir l'aide gouvernementale.

Les mesures contenues dans le dernier budget du Québec pour aider le secteur forestier à traverser la crise actuelle n'aideront finalement pas grand-monde parce que les entreprises, trop mal en point, ne peuvent même pas se qualifier pour obtenir l'aide gouvernementale.

"C'est un budget fait pour une industrie en santé alors que l'industrie est malade", a résumé le porte-parole de l'industrie forestière, Guy Chevrette. Selon lui, un très petit nombre d'entreprises, parmi les plus grosses, peuvent espérer bénéficier de l'aide totalisant 925 millions $ contenue dans le budget de mars dernier.

Le plat de résistance du plan gouvernemental consistait en des prêts de 425 millions $ consentis aux entreprises de première transformation du bois pour moderniser leurs installations. Les entreprises du secteur forestier ne sont pas en mode modernisation, explique le président du Conseil de l'industrie forestière du Québec (CIFQ), mais en mode rationalisation. En outre, ces prêts devaient être garantis par les sommes versées par les entreprises en droits compensatoires et détenues en fiducie en attendant le règlement du conflit du bois d'oeuvre avec les États-Unis. Comme un accord est intervenu et que les entreprises pourront bientôt toucher cet argent, le principal programme d'aide gouvernemental tombe à l'eau. Les entreprises du Québec devraient récupérer 1 milliard $ après la signature de l'entente.

Peu de demandes

Chez Investissement Québec, qui était responsable de la gestion de ce programme, on indique que 30 entreprises avaient demandé des prêts. Le secteur forestier québécois compte 1400 entreprises et a déjà employé près de 100 000 personnes, surtout dans les régions. Depuis un an et demi, plus de 6000 emplois ont disparu dans les fermetures et les rationalisations d'activités, selon le ministère des Ressources naturelles et de la Faune. Selon Guy Chevrette, le chiffre exact est plus près de 7000 emplois disparus.

Outre les prêts garantis par les droits détenus en fiducie, le gouvernement avait accordé dans son budget un crédit de taxe sur le capital de 15 % aux entreprises qui achèteraient de l'équipement neuf. Encore là, bien peu d'entreprises, sinon aucune, sont dans une situation financière assez bonne pour investir, a expliqué Guy Chevrette.

La seule mesure qui a été utilisée par les entreprises est le crédit d'impôt pour la construction et la réfection de chemins et de ponts en forêt, estime le porte-parole.

Mais selon un autre représentant de l'industrie, il s'est construit bien peu de chemins forestiers cette année, parce que beaucoup de scieries ont fermé et que la récolte de bois a été réduite de 20 % à la suite de la Commission Coulombe sur l'avenir de la forêt québécoise.

Ce crédit d'impôt devait coûter 15 millions $ cette année au trésor québécois,

et ne pèse donc pas bien lourd dans le plan de 925 millions $.

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