Les fabricants de meubles du Québec travaillent sur des regroupements pour contrer la faible demande américaine, les importations asiatiques et le huard fort.

Les fabricants de meubles du Québec travaillent sur des regroupements pour contrer la faible demande américaine, les importations asiatiques et le huard fort.

Jean-François Michaud, président-directeur général de l'Association des fabricants de meubles du Québec (AFMQ), a affirmé à La Presse Affaires que l'industrie «veut passer du concept (du regroupement) à l'action en 2008».

Le meuble du Québec doit réagir vite car il vient de «traverser une année fort éprouvante en 2007 et il va falloir encore s'accrocher en 2008», reconnaît Jean-François Michaud.

Depuis son sommet d'il y a quatre ou cinq ans, le secteur a déjà perdu 22% de ses employés et 33% de ses revenus de production.

«L'année 2008 s'annonce un peu moins difficile que 2007 grâce à la stabilisation du huard autour de la parité avec le dollar américain».

Par ailleurs, le président «fonde beaucoup d'espoirs sur la remontée de la confiance des consommateurs américains après les élections présidentielles de novembre. D'habitude, ça redécolle après une année électorale».

Entre-temps, l'industrie du meuble passe à la consolidation, déclare le président de l'AFMQ, quelques jours avant l'ouverture, samedi prochain, du Salon canadien de l'ameublement résidentiel de 700 000 pieds carrés, que l'association québécoise tient chaque année, à Toronto.

«Les entrepreneurs se parlent, pour une consolidation ordonnée et structurée, dit M. Michaud. Au programme, des fusions et acquisitions, la formation de consortiums dans le transport, la mise en commun d'installations de fabrication et de technologies de pointe».

Tout ça se planifie avec des universitaires.

Les ventes de meubles du Québec n'ont pas été mauvaises au Canada en 2007, mais elles ont été difficiles aux États-Unis à cause de l'entrée en masse des importations d'Asie, de la brusque remontée du dollar canadien et de la chute de la clientèle.

Les fabricants du Québec réalisent 50% à 70% de leurs ventes aux États-Unis, dit M. Michaud.

Des fabricants, comme Shermag, ont multiplié leurs importations d'Asie et se retrouvent avec des stocks à liquider. Les détaillants américains ont accumulé aussi des «stocks colossaux» depuis que les clients ont laissé tomber les magasins, dit-il.

M. Michaud n'a pas de prévisions à faire sur l'avenir de Shermag. Quant à Baronet, un fabricant de Sainte-Marie de Beauce qui a dû fermer l'automne dernier, «ça discute fort avec des intéressés», indique le président.

«Les détaillants américains commencent à reconnaître les avantages de pouvoir compter sur des fournisseurs à proximité, fiables et rapides, pour réduire les stocks. Quand la clientèle se dérobe, les gros stocks d'Asie finissent par coûter cher. Avant, le magasin ne calculait pas tous les coûts d'Asie, des renvois de conteneurs», dit-il.

De grands défis

Les fabricants québécois se démarquent en misant sur la qualité, les créneaux de marché, la proximité, le travail avec le détaillant pour du juste-à-temps, explique M. Michaud.

Des fabricants américains de meubles ont déplacé jusqu'à 70% ou 80% de leur production en Asie, encore beaucoup plus que les 50% de Shermag, dit-il.

«À ce rythme, les fabricants québécois vont devenir les producteurs de meubles de l'Amérique, selon lui. On sait qu'on va devoir resserrer les coûts, peaufiner l'exploitation. Là, les coûts augmentent en Chine, mais on ne peut tout déplacer au Vietnam», note-t-il.

L'AFMQ compte 130 fabricants de meubles et de composantes, comparativement à 140 ou 150 en des jours meilleurs.

Le nombre d'emplois a chuté de 28 000 à 22 000, soit de 22%, et la valeur des livraisons du Québec, de 2,2 milliards à 1,5 milliard, soit de 33%.

Les fabricants québécois occupent de 55% à 60% du marché résidentiel canadien, selon Jean-François Michaud.