Lino Saputo, le fondateur de la plus importante entreprise canadienne du secteur de la transformation laitière, invite la Gendarmerie royale du Canada à lui parler des allégations qui le relient à la mafia italienne.

Lino Saputo, le fondateur de la plus importante entreprise canadienne du secteur de la transformation laitière, invite la Gendarmerie royale du Canada à lui parler des allégations qui le relient à la mafia italienne.

«Je les invite à venir me voir pour que, une fois pour toutes, je puisse dissiper le nuage qui plane au-dessus de moi», a-t-il déclaré, mercredi, lors d'une entrevue accordée à La Presse Canadienne, dans un chic restaurant italien du centre-ville de Montréal.

M. Saputo, qui est toujours président du conseil de Saputo, a ajouté que les autorités italiennes et canadiennes n'avaient jamais demandé à le rencontrer.

Mercredi, La Presse et The Globe and Mail rapportaient que le nom de M. Saputo est mentionné dans une enquête de la police italienne relativement à des allégations qui concernent une opération de blanchiment d'argent totalisant 600 M$.

M. Saputo a affirmé que la lecture de ces manchettes lui avait fait l'effet d'une bombe lui «tombant sur le dos».

«Je suis très fâché et très triste de voir ce qui m'arrive», a-t-il dit.

Selon un article publié récemment par l'hebdomadaire italien l'Espresso, Mariano Turrisi a été arrêté le 22 octobre dernier relativement à une opération pour blanchir 600 M$ pour Vito Rizzuto, le présumé parrain de la mafia montréalaise.

L'article a été écrit en collaboration avec Antonio Nicaso, un journaliste canadien considéré comme un spécialiste de la mafia.

Durant une opération d'écoute électronique, Mariano Turrisi parle du «roi du fromage» avec un autre homme qui a été arrêté par les autorités italiennes.

M. Saputo soutient qu'il ne connaît pas Turrisi, qu'il ne l'a «jamais rencontré, jamais vu» et qu'il ne lui a «jamais parlé».

«Et, personnellement, je n'ai jamais rien eu à voir avec Vito Rizzuto, pas plus que commercialement ou socialement, a dit M. Saputo. Nous nous sommes déjà rencontrés dans des restaurants, lors de quelques réceptions et je l'ai très rarement rencontré lors d'activités sociales.»

Turrisi a aussi incorporé une société aux États-Unis sous le nom de Saputo Enterprises.

«J'ai appris mardi après-midi qu'il y avait en Floride une compagnie du nom de Saputo Enterprises, a-t-il dit. Nous n'avons rien à voir avec cette compagnie.»

Des enquêteurs italiens ont demandé à l'unité du crime organisé de la GRC de lui donner des informations à propos de M. Saputo.

Mais les policiers canadiens ne font pas de commentaire sur l'enquête italienne parce que la cause impliquant Rizzuto est toujours devant les tribunaux.

Rizzuto purge actuellement une peine de 10 ans de prison aux États-Unis pour le meurtre de trois dirigeants de la mafia new-yorkaise en 1981.

L'action de Saputo a clôturé en baisse de 6,3%, à 28,05 $, après la publication des reportages, mercredi.

Précision sur Lino Saputo

Dans son numéro du 17 juillet 2008, La Presse soulignait que M. Lino Saputo avait été victime d'une histoire de blanchiment d'argent inventée par Mariano Turrisi alors que celuici a reconnu avoir utilisé le nom de M.Saputo à son insu.

Cet article reprenait la conclusion des enquêteurs italiens qui avaient alors fermé définitivement leur dossier sur les dires de M. Turrisi et dont La Presse faisait état dans son édition du 12 décembre 2007.

Dans ces reportages, nous avions pris soin d'indiquer que M. Saputo n'était pas sous enquête. Néanmoins, La Presse reconnaît que certains lecteurs ont pu avoir l'impression du contraire. Nous regrettons les inconvénients causés par cette interprétation.

C'est pourquoi nous tenons à préciser que le nom de M. Saputo n'a jamais figuré au "registre des personnes faisant l'objet d'une enquête" relativement au procès impliquant M. Turrisi. La Presse réitère donc que M. Saputo n'a pas fait l'objet d'une enquête formelle de la police italienne.