Un politicien doté d'un charisme hors du commun. Une vision de changement qui inspire la jeune génération. Une économie en difficulté qui fait basculer la campagne électorale.

Un politicien doté d'un charisme hors du commun. Une vision de changement qui inspire la jeune génération. Une économie en difficulté qui fait basculer la campagne électorale.

Le couronnement politique de Barack Obama n'est pas tellement différent de celui de Bill Clinton, le dernier démocrate à avoir accédé à la Maison-Blanche. Le nouveau président désigné hérite toutefois d'une situation économique plus difficile que celle de son prédécesseur démocrate.

«L'économie américaine se dirige actuellement vers l'une des pires récessions de son histoire, alors que la récession du début des années 90 était déjà terminée quand Bill Clinton est arrivé à la Maison-Blanche. Le taux de chômage inquiétait encore les gens en 1992, mais la reprise économique était amorcée», rappelle Jeffrey Frankel, professeur d'économie à l'Université Harvard et conseiller économique de Bill Clinton de 1996 à 1999.

Avec la crise financière qui a paralysé Wall Street cet automne et une récession assurée au cours des prochains mois -voire des prochaines années, selon les économistes les plus pessimistes- ainsi qu'une crise immobilière qui sévit depuis un an, il n'y a aucun doute: l'administration Obama ne manquera pas de défis sur le plan économique.

«La crise économique actuelle n'est évidemment pas comparable à la Grande Dépression, mais la situation d'Obama ressemble plus à celle de Roosevelt que celle de Clinton, dit le professeur Frankel. Je ne crois toutefois pas qu'il se lancera dans les dépenses comme Roosevelt.»

Depuis mardi soir, les démocrates sont la nouvelle force politique à Washington: ils sont majoritaires à la Chambre des représentants et au Sénat en plus d'occuper la Maison-Blanche. Un tel couronnement ne les dispense toutefois pas de chercher à obtenir le consensus.

«Obama devra faire attention de ne pas être trop partisan. S'il ne réussit pas à avoir l'appui des républicains, ces derniers reprendront la Chambre dans deux ans et ses politiques économiques ne passeront pas l'épreuve du temps», dit Bill Velk, professeur d'économie à l'Université McGill et partisan avoué du candidat républicain John McCain.

Le professeur Velk se méfie de la philosophie économique du nouveau président. «Si je me fie à ses votes au Sénat, Obama est très à gauche sur le plan économique, même pour un démocrate, dit-il Ses adversaires au sein de son propre parti sont des centristes comme les Clinton. Il devra se rapprocher du centre s'il veut pouvoir gouverner les États-Unis.»

Jeffrey Krankel est optimiste: le nouvel occupant de la Maison-Blanche saura se tirer d'affaire sur le plan économique. Le professeur de l'Université Harvard ne peut d'ailleurs s'empêcher de tracer un parallèle avec son ancien patron à la Maison-Blanche, un homme arrivé à Washington avec l'intention de réformer les programmes sociaux et dont le principal héritage aura été d'assainir les finances publiques.

«Comme Bill Clinton, Obama est un pragmatique et il est extrêmement brillant, dit le professeur Frankel. On doit faire attention en campagne électorale car les Américains sont antiélitistes et ne voteraient pas pour un candidat trop brillant, mais son intelligence est sa plus grande force. Elle le servira sur le plan économique.»