Les investisseurs nord-américains ont conclu dans l'enthousiasme une campagne électorale axée sur l'économie: ils ont fait monter les indices de 3% à 4%, le plus important sursaut boursier d'une journée d'élection présidentielle.

Les investisseurs nord-américains ont conclu dans l'enthousiasme une campagne électorale axée sur l'économie: ils ont fait monter les indices de 3% à 4%, le plus important sursaut boursier d'une journée d'élection présidentielle.

Le lien entre les deux événements n'est pas de nous, mais celui d'analystes emballés par cette fin de campagne. Prenez celui-ci, cité par Bloomberg: «L'élimination de l'incertitude de la campagne provoque habituellement une remontée de fin d'année, et c'est ce qu'on commence à voir aujourd'hui», explique Philip Orlando, de Federated Investors, à New York.

Il souligne aussi que «le marché conclut maintenant que l'Armageddon est hors des plans».

Il y a aussi cet autre analyste, Michael Church, de Church Capital, qui se confie à CNN Money: «L'élection a été une source d'inquiétude pour le marché. Les gens sont soulagés que la campagne soit enfin finie.»

Et puis, on ressort les statistiques historiques, comme celle-ci. Depuis 1984, au moment où la Bourse de New York a commencé à permettre des échanges les jours d'élection présidentielle, la moyenne des gains pour ces journées est de 0,3%. La récolte d'hier est donc bien au-dessus.

«C'est le festival du n'importe quoi quand on essaie de faire un lien entre le marché et un tel événement du jour, croit pour sa part Vincent Delisle, stratège chez Scotia Capitaux. Les tendances de marché ont du sens sur trois ou six mois.»

Et la tendance des derniers jours, avant même l'élection américaine, est clairement à la hausse: plus 18% tant pour le S&P500 à New York que le S&P/TSX à Toronto depuis leur creux du 27 octobre.

Un rebond pour mieux replonger?

Hier, le S&P/TSX a pris 4,1%, repassant au-dessus de la barre des 10 000 points, à 10 116,58. Le Dow Jones a quant à lui remonté de 3,3%, à 9625,28 points, alors que le S&P500 a gagné 4,1%, à 1005,75 points.

Tous les secteurs torontois, sauf les services publics, en ont profité. Le sous-indice des matériaux a même pris 10%. Après ce gain, il est tout de même en recul de 37% depuis le début de l'année.

Les titres du sous-indice de l'énergie ont aussi bien fait, prenant 5,3%, portés par un dollar américain en baisse et de bons résultats de Talisman.

Le dollar canadien en a ressenti l'effet, lui qui a pris pas moins de 2,19 cents US par rapport au billet vert. Un huard achète maintenant 86,87 cents US.

Cette bonne performance boursière des derniers jours fait en sorte que les clients de Luc Girard, de Valeurs mobilières Desjardins, commencent à se demander si on a frappé le creux et s'il est temps de revenir dans le marché. «Je me sens comme le papa qui est en voyage et à qui ses enfants demandent si on est arrivé.»

Et la réponse des parents aux enfants est souvent: pas tout de suite, il reste encore un petit bout. «Dans un marché baissier, il y a toujours des rechutes. Ça te donne un faux signal de tendance positive.»

Au printemps

Vincent Delisle s'attend aussi à ce que les marchés, qui sont bien repartis, s'essoufflent et retombent au début du printemps.

D'ici là, il croit que le S&P/TSX pourrait atteindre les 11 000 points et le S&P500, 1100. "Ça pourrait nous donner un gain supplémentaire de 5% à 8%", estime-t-il.

Ensuite, si on se fie à l'adage répandu, les cours devront retourner frapper leur creux (8537 points pour ce qui est de Toronto) avant de remonter. Mais il met un bémol: "Les profits canadiens sont toujours à la remorque de ceux des États-Unis."

En clair, cela veut dire que les entreprises canadiennes -et ce retard n'est pas exclusif au Canada- devraient sortir du ralentissement économique de 12 à 18 mois après celles des États-Unis.