Vous les avez sûrement croisés récemment dans le métro ou dans l'autobus. Ils sont partout: «JP Éclair» se déplace à une vitesse supersonique. «Super techno» possède des pouvoirs technologiques surhumains. «Le Justicier» lutte contre le crime d'un bout à l'autre de la planète...

Vous les avez sûrement croisés récemment dans le métro ou dans l'autobus. Ils sont partout: «JP Éclair» se déplace à une vitesse supersonique. «Super techno» possède des pouvoirs technologiques surhumains. «Le Justicier» lutte contre le crime d'un bout à l'autre de la planète...

Non, il ne s'agit pas de la nouvelle cuvée des Invincibles. Alors qui sont ces intrigants personnages? Contre toute attente, ce sont... des CA. Comme dans «comptables agréés».

Et à défaut de sauver le monde, ils participent à une intense campagne publicitaire pour faire mousser la profession de comptable.

Ces «superhéros du monde des affaires» ont pris d'assaut les cégeps et les universités à la fin du mois d'août et envahi les transports en commun à la fin novembre.

La campagne de publicité «Les indispensables CA», lancée par l'Ordre des comptables agréés du Québec, bat son plein. Et ce n'est pas la première.

«Depuis 2004, l'Ordre fait des efforts de promotion sans précédent», dit Diane Messier, vice-présidente, formation professionnelle et relève.

Pourquoi un tel coup publicitaire? D'abord parce que le métier de CA fait face à des préjugés tenaces. La publicité s'attaque au vieux stéréotype du comptable «bas bruns», grisonnant et bedonnant.

«On veut changer l'image de la profession», explique Mme Messier. Montrer qu'être «cool» et comptable, c'est possible.

Dans la publicité, de jeunes CA - des vrais! - sont habillés en superhéros. Chacun porte un surnom qui correspond à une habileté.

Par exemple, Valérie Ménard est surnommée «Véga» parce qu'elle possède la «capacité de briller dans une foule de champs d'expertise», tandis que Catherine Delaney, alias «Aquanaute», «navigue avec une facilité mirobolante dans le monde des entreprises».

«Tu peux faire ce que tu veux quand tu es CA, toutes les portes sont ouvertes à toi. Suffit d'être déterminé», témoigne «Aquanaute» sur le site Internet des Indispensables.

Un esthétisme de bande dessinée se dégage de la pub, imaginée par Cri Communications et dont l'Ordre préfère taire les coûts.

Les CA sont vêtus de noir et posent devant un décor urbain composé de gratte-ciel, sur un fond jaune et orange vif. Ils sont jeunes et ont l'air branché. Pas exactement l'image première qu'on se fait d'un comptable.

D'ailleurs, la profession est assez jeune, contrairement à ce que l'on pourrait penser, affirme Maryse Dumais, impliquée dans la campagne publicitaire et responsable du marketing et événements à l'Ordre.

«On veut montrer à la relève, qui pense que les comptables sont de la génération de leurs grands-pères, que la réalité est tout autre», dit-elle.

Justement, assurer la relève est l'autre «mission» des superhéros de la pub.

«Il faut s'y prendre plus tôt pour développer l'idée de cette carrière auprès des jeunes», explique Diane Messier. Car dans une profession où le taux de placement est de 100%, il faut s'assurer que les vétérans auront quelqu'un à qui passer le flambeau.

La demande est telle que certains futurs comptables signent même un contrat avec une firme deux ans avant d'avoir terminé leurs études. C'est le cas de Marie-Noëlle Bouchard, une jeune CA de 25 ans. Avant même le début de sa maîtrise, elle avait un contrat en poche. Un emploi assuré l'attendait à la fin de ses études.

«Je me sens en sécurité dans ma carrière, affirme-t-elle. Je suis sûre d'avoir toujours du travail.»

Puisqu'ils sont peu nombreux, les jeunes CA accumulent les heures supplémentaires et obtiennent assez vite des responsabilités.

«On peut avoir des promotions rapidement, explique Marie-Noëlle Bouchard. C'est comme une pyramide: il y a beaucoup de gens en bas, et peu en haut.»

Et l'ascension est rapide. «La pyramide, elle est à pic!» lance-t-elle en riant.

Des pubs qui portent

Cet intense battage publicitaire semble porter ses fruits. Depuis la première campagne de publicité, en 2004, on observe une augmentation de 10% à 15% de candidats à la profession chaque année, remarque Diane Messier, de l'Ordre.

Le nombre d'aspirants comptables qui se présentent à l'EFU, l'examen national pour obtenir le titre de CA, est passé de 394 en 2004 à 523 cette année.

Les perspectives financières alléchantes contribueront peut-être à en séduire plus d'un. Selon un sondage mené cet été, dont les résultats sont publiés sur le site internet de l'Ordre, le salaire annuel moyen d'un CA se situe à 147 628$.

Les jeunes de moins de 35 ans, eux, gagnent en moyenne près de 85000$. Des volontaires?