L'ancien premier ministre Jacques Parizeau a imploré mercredi l'Autorité des marchés financiers (AMF) de ne pas «avoir peur» d'imposer des conditions contraignantes à l'achat de la Bourse de Montréal (T.MXX) par le Groupe TSX (T.X) de Toronto.

L'ancien premier ministre Jacques Parizeau a imploré mercredi l'Autorité des marchés financiers (AMF) de ne pas «avoir peur» d'imposer des conditions contraignantes à l'achat de la Bourse de Montréal [[|ticker sym='T.MXX'|]] par le Groupe TSX [[|ticker sym='T.X'|]] de Toronto.

À l'occasion de la consultation publique de l'AMF sur la transaction proposée, le président-directeur général de l'organisme réglementaire, Jean St-Gelais, s'est inquiété ouvertement, à plusieurs reprises, de l'effet négatif de conditions trop strictes sur l'avenir du projet d'acquisition.

Faisant référence à l'instabilité actuelle des marchés boursiers, qui a rendu plus fragiles les transactions de fusion et d'acquisition, M. St-Gelais a dit ne pas vouloir «offrir une porte de sortie extrêmement facile» qui permettrait au Groupe TSX de se désister.

«Monsieur le président, tout ce que je peux vous suggérer, c'est oubliez la fragilité», a rétorqué M. Parizeau sur un ton ferme, en ajoutant qu'il trouvait «un peu triste» le recours à de tels arguments.

«On ne va pas commencer à faire des hypothèses pour se faire peur», a poursuivi l'ancien chef péquiste en point de presse. «J'ai trop connu ça depuis 40 ans. (...) Il n'y a pas de raison d'avoir peur. Montréal a des actifs remarquables, jouons-les.»

Face aux immenses groupes boursiers américains, la Bourse de Toronto est aussi vulnérable que celle de Montréal, a-t-il estimé.

Le président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Henri-Paul Rousseau, s'est montré moins exigeant. Il a convenu avec M. St-Gelais que dans la conjoncture actuelle, la transaction proposée était devenue «plus fragile», une réalité dont l'AMF devra, selon lui, «tenir compte».

M. Rousseau est allé jusqu'à relativiser l'importance de certaines des «améliorations» suggérées par la Caisse au projet d'acquisition. «Je peux comprendre que certaines des recommandations, que ce soit des nôtres ou d'autres, vont s'avérer plus difficiles (à appliquer) parce que le contexte a changé», a-t-il affirmé.

La Caisse presse notamment l'AMF d'obtenir du Groupe TSX un engagement «plus clair et plus ferme» en ce qui a trait au maintien des activités de négociation de produits dérivés à Montréal et à la présence de Québécois au conseil d'administration de la future entité, le Groupe TMX.

De leur côté, le président et chef de la direction de la Bourse de Montréal, Luc Bertrand, et le cochef de la direction par intérim du Groupe TSX, Michael Ptasznik, ont supplié l'AMF de ne pas imposer de conditions trop astreignantes à la transaction.

M. Bertrand a évoqué la fusion de plusieurs Bourses européennes sous la bannière Euronext, en 2000, pour soutenir que des exigences réglementaires trop envahissantes pouvaient nuire au développement des affaires.

Du même souffle, il a reconnu que certaines activités de produits dérivés du futur Groupe TMX, comme la Boston Options Exchange (BOX) et la Bourse énergétique NGX, située à Calgary, pourraient éventuellement relever de Toronto, et non de Montréal.

«Il faut avoir la flexibilité de pouvoir choisir ces gens-là (les dirigeants de BOX et NGX) et les inclure dans l'organisation sans avoir trop de contraintes», a soutenu Luc Bertrand.

MM. Bertrand et Ptasznik n'ont ainsi proposé, mercredi, aucune bonification au projet de transaction, malgré les nombreuses recommandations mises de l'avant à cet effet par divers intervenants.

Quand on lui a demandé si des conditions trop restrictives de l'AMF pouvaient faire achopper la transaction, Luc Bertrand n'a pas répondu.

À l'instar de la Caisse et du Mouvement Desjardins, Jacques Parizeau a réclamé la clarification des engagements en ce qui a trait à la pérennité des activités liées aux dérivés à Montréal et à la présence québécoise au conseil d'administration du Groupe TMX.

«Il aurait mieux valu que cette transaction n'ait pas lieu», a-t-il néanmoins indiqué, en mentionnant qu'il n'en voyait pas l'intérêt pour la société québécoise.

«Cette transaction projetée appauvrit le Québec», a pour sa part martelé le président-fondateur du Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (MEDAC), Yves Michaud, en précisant que «nous en sommes réduits à limiter les dégâts».

Le MEDAC exige notamment que les administrateurs québécois du futur Groupe TMX aient un droit de veto sur toute décision du conseil d'administration.

Le titre de la Bourse de Montréal a clôturé mercredi à 33,74 $, en baisse de 0,2 %, alors que celui du Groupe TSX a terminé la séance à 39,97 $, en recul de 0,6 %, à la Bourse de Toronto.