La ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, a été accueillie chaleureusement par les membres de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain vendredi matin, au lendemain du dépôt de son budget, largement tourné vers l'entreprise.

La ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, a été accueillie chaleureusement par les membres de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain vendredi matin, au lendemain du dépôt de son budget, largement tourné vers l'entreprise.

Alors qu'on ne prévoit plus qu'une croissance de l'économie québécoise de 1,5 pour cent cette année, la ministre a plaidé en faveur d'une hausse de la productivité des Québécois et a vanté les mesures préconisées dans son budget pour y arriver.

Le Québec accuse en effet du retard, avec une productivité par heure travaillée (en dollar de 2002) de 41,4 $ en 2006, comparé à 43,2 $ pour l'ensemble du Canada.

Statistique Canada a d'ailleurs révélé vendredi que la productivité du travail dans les entreprises canadiennes au quatrième trimestre a reculé pour la première fois en plus d'un an, perdant 0,8 pour cent.

Même si les chiffres spécifiques au Québec ne sont pas encore disponibles, tout porte à croire que la situation n'y est pas plus rose, principalement en raison des déboires de l'industrie manufacturière.

"Le Canada n'a pas la productivité des États-Unis, et le Québec n'a pas la productivité du Canada", a déploré la ministre des Finances, indiquant qu'elle croyait par conséquent qu'il "fallait faire un virage".

Pour pallier ce problème, le budget de Mme Jérôme-Forget prévoit entre autres l'abolition de la taxe sur le capital pour le secteur manufacturier et un crédit d'impôt de cinq pour cent à l'achat de matériel de fabrication ou de transformation destiné à favoriser l'investissement.

L'élimination de la taxe sur le capital pour tous les secteurs n'est cependant prévue que pour 2011, malgré les demandes du patronat et du Parti québécois, compte tenu des coûts de 700 millions $ que cela représente.

À ce sujet, Mme Jérôme-Forget a par ailleurs décoché quelques flèches vendredi à l'endroit du porte-parole en matière de Finances du PQ, François Legault.

"Pauvre François! Il me dit que je devrais éliminer la taxe sur le capital, et en même temps, il me dit que je n'ai pas d'argent, que je n'arrive pas. (...) Je lui ai dit François, tu es complètement malade."

La ministre estime par ailleurs qu'une des raisons pour lesquelles les États-Unis affichent une meilleure productivité que leur voisin du Nord réside dans le fait que les Américains ont fortement investi dans les technologies de l'information au cours des dernières années.

"Par conséquent, dans ce budget, je donne un crédit de 30 pour cent justement aux entreprises qui vont faire appel aux nouvelles technologies de l'information et augmenter leur productivité", a-t-elle spécifié.

La présidente de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Isabelle Hudon, a salué ce "budget de raison" dans lequel, selon elle, les priorités sont à la bonne place, malgré des ressources limitées.

Qui oserait contredire une mère, s'est demandé Mme Hudon, alors que Mme Jérôme-Forget avait justement déclaré avoir préparé le budget "en bonne mère de famille".

Jeudi, le budget du gouvernement libéral a été accueilli favorablement par le chef de l'Action démocratique du Québec, Mario Dumont, qui a annoncé que son parti allait voter en sa faveur. Le porte-parole adéquiste en matière de Finances, Gilles Taillon, a notamment salué les sommes investies pour la famille et l'entreprise privée.

Le Parti québécois n'a pas pour sa part réservé un tel accueil au budget, et il prévoit plutôt le rejeter. Sa chef Pauline Marois a particulièrement déploré que la ministre ait à piger dans une réserve de 1,3 milliard $ pour éviter de voir le Québec sombrer dans un déficit