En dépit du ralentissement économique, les biréacteurs d'affaires continuent à prendre de l'altitude. Par contre, l'ascension des appareils turbopropulsés est plus modeste et les petits avions à piston sont en pleine descente.

En dépit du ralentissement économique, les biréacteurs d'affaires continuent à prendre de l'altitude. Par contre, l'ascension des appareils turbopropulsés est plus modeste et les petits avions à piston sont en pleine descente.

La General Aviation Manufacturers Association (GAMA) a fait savoir que la valeur des livraisons d'avions d'affaires avait atteint 18,2 milliards de dollars US pendant les trois premiers trimestres de 2008, soit une augmentation de près de 20% par rapport à la même période de l'année précédente.

Toutefois, ce sont surtout les biréacteurs d'affaires qui ont pris leur envol: les manufacturiers ont livré 990 appareils de ce type pendant les neuf premiers mois de 2008, soit un bond de 30% par rapport à l'année précédente. Les avions turbopropulsés ont connu quant à eux une augmentation de 13,7%. Les livraisons d'avions à pistons, davantage utilisés pour l'aviation générale, ont chuté de 11,4%.

Lors du congrès de la National Business Aviation Association, en octobre dernier, les grands manufacturiers avaient dit s'attendre à ce que le ralentissement économique frappe davantage les petits appareils. Les données de la GAMÀ semblent vouloir confirmer ces prévisions.

Bombardier demeure au premier rang des manufacturiers d'avions d'affaires avec 24,7% du marché au troisième trimestre, devant Gulfstream (22,8%) et Cessna (19,4%). Bombardier a d'ailleurs connu un excellent troisième trimestre. Par rapport à la même période de l'exercice précédent, la valeur de ses livraisons a augmenté d'un impressionnant 36% pour atteindre 1,49 milliard US. Si le nombre d'avions de plus petite taille, soit les appareils Learjet, est demeuré à peu près stable, le nombre de gros avions plus luxueux, comme le Challenger 605 et les appareils de la famille Global, a connu une belle croissance.

La porte-parole de Bombardier Avions d'affaires, Danielle Boudreau, a déclaré que l'entreprise n'avait pas encore ressenti les effets du ralentissement.

«Dans le passé, le troisième trimestre était notre plus faible, a-t-elle déclaré à La Presse Affaires. Mais c'est la quatrième année de suite que nous enregistrons des résultats records pour ce trimestre.»

Bombardier couvre toutes les catégories de biréacteurs d'affaires, sauf celle des biréacteurs très légers. Gulfstream et Dassault Falcon se spécialisent dans les biréacteurs de plus grande taille alors que Cessna et Hawker Beachcraft se concentrent dans les plus petits biréacteurs ainsi que dans les avions turbopropulsés. Ces deux derniers manufacturiers sont d'ailleurs les premiers, parmi les cinq grands, à ressentir les effets du ralentissement économique et de la crise financière. La semaine dernière, Hawker Beechcraft a annoncé qu'elle devrait réduire son personnel de 5%, soit l'élimination d'environ 500 emplois. L'entreprise compte actuellement 9780 employés dans le monde, dont 7700 dans la région de Wichita, au Kansas.

Cessna a également fait savoir qu'elle devra réduire sa production. Cette semaine, le quotidien Wichita Eagle a rapporté que le manufacturier éliminera environ 665 postes, soit 500 à Wichita et 165 à Bend, en Oregon.

Gulfstream n'a annoncé aucune révision de ses projets de production, mais elle a quand même connu un troisième trimestre un peu poussif. La valeur de ses livraisons a atteint 1,37 milliard, soit une croissance d'à peine 4% par rapport à la même période de 2007. Pour les neuf premiers mois de 2008, on parle d'une croissance de 10%, alors que la valeur des livraisons de Bombardier a augmenté de plus de 27%. «Même si les résultats du troisième trimestre sont en général positifs pour les biréacteurs et les appareils turbopropulsés, notre industrie fait face à des difficultés en raison de la faiblesse de l'économie globale, a affirmé le président et chef de la direction de la GAMA, Pete Bunce, par voie de communiqué. Les prix du carburants, qui avaient atteint des niveaux critiques cet été, ont diminué, mais l'incertitude des marchés financiers sur l'ensemble de la planète a des effets négatifs sur l'ensemble de l'industrie aéronautique.»

La firme UBS a divulgué cette semaine d'autres données inquiétantes pour l'industrie: le nombre d'avions sur le marché secondaire a atteint 2654 appareils en octobre, soit une croissance de 10% par rapport à septembre et de 57% par rapport à octobre 2007.

«Nous regardons ça de très près, a indiqué Mme Boudreau, de Bombardier. C'est un des nombreux indices de marché dont nous tenons compte.»